La sur-adaptation aux autres est un phénomène omniprésent chez les multi-potentiels, dont les causes sont multiples et complexes, et dont les conséquences sont elles aussi multiples, tant en contexte personnel que professionnel.
Elle conduit ces profils à oublier et masquer leur vraie nature au profit de celle des autres, et de l’environnement dans lequel ils se trouvent, comme de véritables caméléons.
En particulier, elle conduit les personnes concernées à ne pas être en mesure de déployer pleinement leurs talents, pourtant si stratégiques dans une société incertaine et complexe, mais aussi bien souvent à l’épuisement voire au burn-out.
Qu’est-ce que la sur-adaptation exactement ? Pour quelles raisons les HPI / multi-potentiels sont-ils particulièrement touchés par ce phénomène ? Quelles en sont les conséquences au plan personnel et professionnel ? Et surtout, comment sortir de cette sur-adaptation ? Découvrez-le dans cet article.
Sur-adaptation, de quoi parle-t-on ?
La sur-adaptation, c’est cette tendance à adapter ses modes de fonctionnement aux autres, à adopter leurs comportements et attitudes par mimétisme et conformisme, alors qu’ils sont très éloignés des nôtres et ne nous conviennent pas.
C’est aussi cette façon de considérer que, bien que percevant sa différence, ils font tout pour la masquer, la contrer, et faire comme si elle n’existait pas. C’est aussi de considérer ses différences comme autant de défauts à gommer, plutôt que comme des atouts à faire valoir.
Les causes de la sur-adaptation ?
Pourquoi être dans ce déni de personnalité authentique ? Quels pourraient en être les avantages qui poussent ainsi les multi-potentiels à renier leur spécificité ?
- 1ère raison : assumer ses différences, c’est aussi en assumer les conséquences : l’incompréhension, le rejet, la jalousie, la moquerie, et en contexte professionnel, ne pas être reconnu pour sa varie valeur, et c’est ce que vivent beaucoup d’entre eux malheureusement.
- 2nde raison : les multi-potentiels sont aussi plus empathiques que la moyenne, et ils accordent donc plus d’importance et de crédit à l’avis des autres qu’au leur, quand bien même ils ressentent profondément en eux-mêmes la pertinence de leurs points de vue alternatifs. Et donc, ils vont considérer qu’ils auraient tort de suivre leur instinct d’assumer ces différences
- 3ème raison : ils n’aiment pas l’idée d’être différent, et encore moins si cette différence est assortie d’une différence de valeur (comme pourrait le suggérer – à tort – le terme HPI), et donc ils préfèrent se considérer « comme les autres ». Leur besoin de connexion aux autres renforce encore cette tendance.
- 4ème raison : ils adorent et recherchent la complémentarité, l’altérité, y compris et à commencer dans leurs relations, ayant une conscience aigüe de la richesse culturelle qu’elle peut leur procurer. Ce faisant, ils doivent donc s’interfacer à des personnes très différentes d’eux-mêmes, ce qui les amène à ce contorsionnisme mental et de personnalité.
- 5ème raison : ils ont une grande capacité d’adaptation, ce sont même des champions dans ce domaine. C’est donc tout naturel pour eux de faire l’intégralité du chemin vers les autres.
Ce qu’il faut retenir de ces différentes raisons :
- Les causes sont multiples et combinées, ce qui complexifie le processus et le rend difficilement visible, même quand on a un grand pouvoir d’introspection comme les HPI
- Ce phénomène est créé d’abord par une énorme « zone aveugle » : les HPI sont différents mais ne se voient pas comme différents, et donc ils ne peuvent pas prendre conscience de ce phénomène sans l’aide et le regard pertinent d’une tierce personne, qui le connaît et a su s’en départir.
Quelles sont les conséquences de la sur-adaptation ?
Là aussi, comme pour les causes, les conséquences sont multiples, et assez insidieuses, au sens où il est difficile d’en prendre réellement conscience.
Le 1er impact est de ne pas pouvoir pleinement exprimer ses talents. Par exemple, un HPI a de nombreuses intuitions, souvent très pertinentes, qui sont de nature à éclairer puissamment l’avenir de son environnement, et donc de son employeur. Mais la sur-adaptation le conduit à ne pas oser en parler, par peur des réactions des autres : « c’est n’importe quoi », « mais comment en est-il arrivé à cette conclusion ? », « Elle n’a aucun argument objectif ». Ou par peur de passer pour un Cassandre, qui serait à l’origine des mauvais présages qu’elle ou il a annoncés.
C’est sans doute la conséquence la plus grave, car ne pas pouvoir exprimer ses talents conduit à une grande frustration, et des émotions fortement négatives, et un renfermement sur soi.
Le 2nd impact est l’épuisement à moyen ou long terme. Ne pas être soi-même en effet demande une dépense énergétique considérable et de tous les instants. Bien sûr, les HPI ont beaucoup d’énergie, mais cette dépense est bien supérieure à ce qui est supportable sur la durée. Combien de HPI / multi-potentiels me parlent de cet épuisement, voire de burn-out ? Ce sont au moins les trois quarts, dès les premiers échanges exploratoires.
Le 3ème impact, non des moindres, est de ne pas percevoir de façon juste la façon de fonctionner de leurs interlocuteurs neurotypiques, mais aussi à ne pas être en mesure de comprendre la façon dont ils sont perçues par ces mêmes interlocuteurs. Et donc, à générer des quiproquos relationnels, renforcé par les non-dits dont sont assez adeptes les HPI, pensant que ce sont des évidences. Ces difficultés relationnelles sont très fréquentes chez eux, malgré leur grande empathie qui tente de compenser cela. Et ce décalage de perception les empêche aussi de résoudre ces difficultés, car c’est une zone aveugle dont ils n’ont pas conscience.
Le 4ème impact est de ne pas pouvoir ou oser exprimer pleinement ses avis, ses besoins internes. Autrement-dit, cette sur-adaptation conduit à ne pas pouvoir développer son assertivité. Et la conséquence est de tomber soit dans l’agressivité, soit dans la passivité, soit enfin dans la manipulation (ce dernier cas est le plus rare, mais il est loin d’être inexistant (*)). Et ces attitudes ne font que :
- Renforcer le sentiment de décalage et surtout d’isolement de la personne concernée, avec toutes les conséquences néfastes sur la carrière professionnelle qu’on peut imaginer.
- Et générer des émotions négatives de colère, de tristesse, de peur ; or les HPI vivent plus vite et plus fort ces émotions, et se sentent souvent impuissants face à ces déferlements émotionnels.
(*) J’ose dire parfois que les pervers manipulateurs sont des HPI qui ont « mal tourné » ; je n’en ai en réalité aucune preuve tangible ou scientifique, mais force est de constater que les manipulateurs ont une forme d’agilité mentale et de vision complexe qui fait penser aux aptitudes des HPI.
Le 5ème impact, et je m’arrêterai là pour ne pas vous faire trop peur, dans la continuité du précédent, c’est ce que j’appelle la perte identitaire. Dit-autrement, à force de se conformer aux modes de fonctionnement, aux avis, et aux besoins des autres, ils finissent par ne plus savoir qui ils sont, ce qu’ils veulent vraiment. Ceci est renforcé par un réflexe d’autoprotection – bien inconscient – qui les conduit à se couper de certaines de leurs émotions trop difficiles à supporter.
Et comment agir efficacement quand on ne sait plus qui on est ? Comment se définir un projet professionnel ? Comment même, exprimer ses besoins (je ne parle pas encore de les faire entendre) ?
En synthèse, on voit que ces impacts sont souvent inconscients, ils se combinent et se renforcent entre eux, et ont des conséquences dramatiques au plan émotionnel, physiologique, et même de la santé à moyen ou long terme.
Dans certains cas, ces impacts arrivent tous ensembles brutalement en cours de carrière, alors que tout se passait très bien jusqu’alors, conduisant à une véritable chute, souvent incompréhensible et perçue comme insoluble (comme je l’explique dans cet autre article).
Comment sortir de cette sur-adaptation pour pleinement s’épanouir
A la lumière de ces éléments, vous ressentir une forte inquiétude. En réalité, il n’y a aucune fatalité dans ce phénomène. On peut même dire qu’en prendre conscience est déjà le début de la solution. Mais ce n’est pas suffisant.
Que faire si vous vous sentez concerné(e) ? Il vous faudra passer par les étapes suivantes :
- Prendre conscience finement de vos modes de fonctionnement authentiques : vitesse, exigence, éclectisme, haute sensibilité, intuition, vision globale etc … Mais surtout de mesurer à quel point vous êtes réellement différent(e) des autres sur ces divers aspects.
- Apprendre à faire de ces différences des forces, et ne plus les considérer comme des défauts à gommer. C’est toute la difficulté car toute votre vie vous avez adopté la tactique inverse …
- Apprendre plus encore à assumer vos différences vis-à-vis des autres, ce qui est contre-intuitif puisque, jusqu’à présent, toute incursion dans votre spécificité n’a fait que produire de l’incompréhension ou du rejet.
- Pour cela, il faut aussi apprendre à restaurer votre estime de vous, et les tactiques classiques et habituelles ne fonctionnent pas bien pour les HPI
- Il vous faudra aussi travailler dans le même temps la gestion de vos émotions, et plus encore, l’anticipation de celles-ci, et savoir en faire là aussi des forces au service de votre différence.
Et pour tout cela, je vous recommande de vous faire aider d’un.e coach professionnel, expert en HPI, qui elle-même ou lui-même a vécu ce que vous vivez personnellement.
Pour aller plus loin
Participez à mon prochain webinaire gratuit sur le thème « HPI, multi-potentiels : quel projet professionnel pour vous épanouir pleinement ? » du mardi 18 novembre à 18h00.
Si vous cherchez à échanger avec d’autres personnes qui fonctionnent comme vous, à vous sentir moins seul.e, et vous approprier vos modes de fonctionnement spécifiques pour en faire des atouts dans votre vie professionnelle, participez à ma formation-action « Masterclass HPI » :
Et pour ne rien perdre de mon actualité c’est ici.
Cyril Barbé