Comme je l’explique dans cet autre article, les HPI / multi-potentiels incarnent plusieurs formes de polarités opposées dans leur personnalité. J’y explique notamment en quoi ces apparentes contradictions n’en sont pas, et surtout comment en faire des forces sur lesquelles ils peuvent s’appuyer, en contexte professionnel comme personnel.
Aujourd’hui, je veux mettre en lumière le lien existant entre cette façon si particulière d’être, et leurs difficultés à savoir qui ils sont vraiment, et quels sont leurs besoins profonds. Cette quête de soi est essentielle, non seulement pour avancer dans la vie, mais aussi pour leur propre stabilité émotionnelle et psychologique.
Quel est l’impact de ce mode de fonctionnement sur ce que j’appelle leur perte identitaire ? Comment les HPI peuvent-ils se reconnecter à leur personnalité et leurs besoins, tout en assumant cette multiplicité ? Telle est l’ambition de cet article.
Incarner des polarités opposées : de quoi parle-t-on ?
Rationnel et intuitif
Les HPI sont ultra-rationnels, ils ont besoin de s’appuyer sur les faits avant de juger d’une situation et prendre d’éventuelles décisions. Ils analysent en profondeur pour éviter le survol et les jugements à l’emporte-pièce. Et en même temps ils sont champions des intuitions pertinentes (cf mon article à ce sujet), à l’image de celle de John Houbolt à la NASA pour le programme Apollo.
Audacieux et craintif
La grande majorité des HPI que j’accompagne m’exprime leur besoin d’explorer des sentiers battus, d’aller à la découverte de nouveaux horizons, aussi bien au plan intellectuel que matériel. Et dans le même temps, ils sont quasiment tous touchés par des peurs viscérales : peur de l’échec (dont je parle ici), peur de l’insécurité financière (dont je parle là), peur d’être abandonnée (tiens, un nouvelle idée d’article …), entre autres.
Anecdote personnelle : je me suis toujours demandé pour quelles raisons j’étais tant attiré par ces histoires d’aventuriers, tels que George Mallory à l’Everest en 1924, ou encore Arnaud de Rosnay en mer de Chine en 1984, tous deux disparus, alors même que j’ai toujours eu moi-même si peur de la mort. Ou encore pourquoi j’étais tant attiré par l’entrepreneuriat, tout en craignant le fait de ne pas réussir.
Rapide et lent
Beaucoup de mes clients me disent « non, je ne me considère pas comme rapide, plutôt lent même ». Par exemple, quand il s’agit de prendre des décisions. Oui, prendre des décisions leur demande du temps, parce qu’ils pèsent sans arrêt le pour et le contre, et ils ne veulent oublier aucun détail qui aurait son importance.
Idem pour comprendre, car ils ont besoin d’avoir une vue d’ensemble du sujet, et de donner du sens entre tous les aspects de ce même sujet. Ou alors, ce sont ces périodes d’inactivité [apparente] qui leur fait dire cela.
En réalité, c’est leur modes de fonctionnement spécifiques qui prennent du temps, mais tout cela ils le font vite.
Quant à ces moments oisifs, ils sont loin d’être inactifs, leur cerveau continue sans cesse de réfléchir, dans une forme de « décantation neuronale » essentielle pour renouveler leurs idées et intuitions.
Cette lenteur n’en est en réalité pas une, elle est une façon différente d’aborder le monde pour être encore plus « performant » à long terme (j’utilise les guillemets car le sens de la performance a été totalement dévoyé, j’entends ici une forme de performance globale et durable).
Illustration : dans son ouvrage intitulé « éloge de l’oisiveté », le philosophe Bertrand Russel écrivait « C’est à [la classe oisive] que nous devons la quasi-totalité de ce que nous appelons la civilisation. Elle a cultivé les arts et découvert les sciences ; elle a écrit les livres, inventé les philosophies et affiné les rapports sociaux. Même la libération des opprimés … Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie. »
Dans le temps court comme le temps long
Ils ont besoin d’être dans le temps long car ils adorent la stratégie et ont le sens de la vision à long terme, de l’anticipation et la prospective. Mais ils ont aussi besoin d’action immédiate, car ils ont besoin de se sentir utiles, et que cette action réponde à leur besoin de rythme et de vitesse.
Anecdote : un de mes clients hésitait pour la suite de sa carrière et me disait « j’ai besoin d’être beaucoup dans l’action, comme quand j’étais chef d’atelier dans l’automobile, mais j’ai aussi besoin de vision à long terme, ce que j’ai adoré quand j’ai étais en charge de la stratégie dans une ETI de micromécanique. Que dois-je faire ?
Vision globale et de détail
Dans toute situation, ils voient à la fois les détails et l’ensemble, comme s’ils alternaient entre zooms et dézooms permanents, en tentant surtout de faire des liens entre les deux.
Anecdote : quand je pilotais des avions, je devais parfois prendre des décisions en quelques secondes en exercice de panne moteur, et j’étais plutôt doué pour cela : réussir en même temps à embrasser la vision globale du paysage (où sont les champs accessibles pour un atterrissage d’urgence ?), et une vue de détail (lequel est réellement praticable, et dans quel sens ?). Il en allait alors de ma survie, et de celle de mes passagers.
Souple et rigide à la fois
Ils sont souples et agiles d’un côté, car ils apprennent facilement et vite, sont très ouverts à la remise en cause et au changement. Ce n’est pas pour rien que l’on trouve une forte concentration de HPI / multi-potentiels chez les responsables transformation, les consultant en conduite du changement, ou encore les coaches agiles.
De l’autre, ils peuvent sembler rigides, car, étant souvent incompris, ils vivent de nombreuses situations de frustrations relationnelles, générant de la tension, et par suite une rigidification de leur posture, comme pour mieux tenter de s’affirmer. De plus, leur peur de l’échec peut aussi accentuer cette forme de tension et de rigidité.
Quel impact sur leur « perte identitaire » ?
La perte identitaire est cette tendance à ne plus savoir qui ils / elles sont vraiment, et quels sont leurs besoins profonds, comme par exemple quand on leur demande ce qu’ils voient pour leur carrière dans le futur, et qu’ils sont incapables de répondre.
Plus encore, ils peuvent se déconnecter de leurs besoins profonds, et ne plus savoir dire non à des demandes qui ne leur conviennent pas, qui vont à l’encontre de leurs valeurs, savoir s’isoler pour mieux se ressourcer, ou encore savoir faire des choix pour eux-mêmes, et non pas pour faire plaisir et dans le but d’être mieux acceptés et intégrés.
Et cette façon de combiner les polarités opposées renforce encore cette perte identitaire. Car sur plein d’aspects, ils se jugent incapables de se positionner. En réalité dans ces situations, il ne s’agit pas d’une incapacité à choisir, mais d’une façon complexe (au sens de la complexité telle que la décrit Edgar Morin) d’aborder le monde : en percevoir toutes les intrications entre différents sujets ou domaines dans une logique transdisciplinaire, pour mieux en comprendre l’évolution.
Comment se reconnecter à leur personnalité tout en assumant cette multiplicité ?
On voit bien au travers des divers exemples et anecdotes que je cite dans cet article, à quel point la contradiction entre multiplicité et identité n’est qu’apparente. En fait, ce n’est pas parce que multiplicité ou multipolarité semblent antagonistes à la capacité à choisir aux yeux de la majorité, que ce doit être une vérité pour les HPI.
La réalité des HPI n’est pas celle des autres (même si j’ai horreur d’opposer ainsi 2 prétendues « catégories ») : c’est dans cette façon de combiner les contraires qu’ils peuvent trouver leur personnalité profonde.
Quant à leurs besoins, ils peuvent s’y reconnecter à condition de travailler :
- Leur estime d’eux-mêmes : pour ne plus dépendre de l’avis et du regard des autres.
- Leurs émotions : en effet, celles-ci sont parfois trop fortes et difficiles à supporter, et par réflexe d’autoprotection, ils peuvent se déconnecter de certaines d’entre-elles, ce qui les prive d’informations pourtant essentielles à la connaissance de leurs besoins.
- Le fait d’assumer leurs différences : il leur faut pour cela entrer dans le détail de ces modes de fonctionnement si particuliers, pour apprendre à en faire des forces et ne plus les percevoir comme des handicaps.
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Cyril Barbé



