Etes-vous fait pour manager des projets complexes et ambitieux ?

Derrière cette question provocatrice, vous apprendrez dans cet article :

  • En quoi les projets complexes et ambitieux peuvent nous poser problème
  • Quels sont les talents pour bien manager ces projets
  • Et comment savoir si vous possédez ces talents

Projets complexes : de quoi parle-t-on ?

Quand on parle de projets complexes et ambitieux, on pense souvent à des exemples spectaculaires tels que des infrastructures de très grandes dimensions, comme le viaduc de Millau, une nouvelle ligne à grande vitesse, ou encore un nouveau type de centrale nucléaire.

En réalité, mon expérience professionnelle m’a montré que l’ambition et la complexité sont (presque) partout : un nouveau système d’information, une innovation de produit ou de service, une nouvelle organisation, un nouvel entrant sur votre marché, de nouvelles réglementation …

Parce que notre monde est en accélération, de plus en plus incertain et volatile, et que tous ces projets sont d’abord l’œuvre d’êtres humains, par essence complexes et parfois imprévisibles, et dans une logique de plus en plus collective. Or cette intelligence collective est loin d’être une évidence dans toutes les organisations.

Pourquoi la complexité nous pose problème ?

Parler de complexité peut faire peur, certes. L’objectif est bien de simplifier la complexité. Mais le risque n’est-il pas aussi de voir de façon [trop] simple une situation en réalité complexe ? De ne pas détecter la nature complexe de la situation ? Nous avons tous nos zones aveugles. Sans aucun jugement personnel sur le sujet, je pense en particulier à comment notre gouvernement a été surpris de la réaction du public à son projet de loi sur les retraites. Ou encore à l’émergence du mouvement des gilets jaunes suite aux hausses de carburant en 2018.

Quels sont les talents pour manager efficacement ces projets ?

Savoir manager la complexité repose d’abord sur la capacité à capter des signaux faibles. J’ai pu constater, lors de mon passage dans l’automobile, ou plus tard en tant que consultant, de constater comment par exemple l’échec de la mise en œuvre de nouveaux systèmes d’information repose le plus souvent sur la non prise en compte de signaux faibles, que nos biais cognitifs tendent à nous occulter.

C’est d’autant plus vrai quand il règne dans l’organisation un management trop directif, ne laissant pas assez d’autonomie. En effet, les équipes de terrain, qui seraient censées être au plus près de ces signaux faibles, n’osent pas toujours les faire remonter. Exemple typique à la NASA avec l’accident de la navette spatiale Challenger en 1986. Les rapports d’accident ont en effet montré que les faiblesses techniques des boosters étaient largement connues, mais qu’on les a sciemment ignorées.

Dans le cas de Challenger, il y avait aussi une forte pression sur la décision de lancer. On comprend donc bien que ce genre de décision repose sur un chemin très étroit, entre nécessité économique et sécurité de l’équipage. L’audace de la NASA avait globalement été très récompensée jusque-là, et avait une très forte confiance dans ses procédures, y compris sans doute grâce au sauvetage miraculeux de l’équipage d’Apollo 13 en 1970. La NASA a sans doute pêché par excès de confiance. Mais où se trouve la limite entre excès de confiance et excès de prudence ?

Savoir manager la complexité suppose de savoir combiner les antagonismes

Mon expérience m’a montré qu’il existe des personnes qui ont une réelle aptitude à sentir ces subtilités, ces signaux, pour savoir quand y aller, et quand renoncer, que ce soit dans le domaine des projets d’entreprise, ou dans le domaine des sports d’aventure entre autres. Ils ont cette aptitude à trouver le subtil équilibre sur un chemin étroit entre 2 opposés, à l’image des pratiquants de slackline.

Il ne s’agit donc pas de trouver un compromis entre audace et prudence, mais bien de les combiner astucieusement, en étant tantôt audacieux, tantôt plus prudent, en fonction des signaux captés pour la prise de décision. Cette dernière repose d’ailleurs souvent sur une forme d’intuition, difficile à expliquer de façon rationnelle, et qui pourtant découle de la mise en musique (inconsciente) d’éléments bien tangibles.

Audace ou prudence ? Vison long terme ou action immédiate ? Entrer dans le détail ou prendre de la hauteur ? Haut niveau d’exigence, ou relâcher la pression ? Ténacité et persévérance, ou agilité pour ajuster l’objectif ? C’est bien sur tous ces antagonismes, et d’autres encore, que reposent les décisions cruciales de projets complexes, parce qu’ils nous placent en permanence devant des imprévus et des forces contradictoires.

Comment savoir si vous êtes faits pour manager des projets complexes ?

Certaines personnes ont cette aptitude naturelle à combiner les antagonismes, à jongler avec. Elles sont à l’aise avec ces contradictions, et voient l’audace et la prudence comme les 2 faces d’un même sujet, à aborder de façon subtile. Elles ont aussi en général des capteurs d’information surdéveloppés, et de nombreuses intuitions souvent inexplicables, mais qui s’avèrent en général pertinentes.

Par ailleurs ces mêmes personnes, qui ne connaissent pas d’autres modes de fonctionnement que le leur, le considèrent comme banal et commun, et n’ont pas conscience de leur aptitude particulière. Et étant peu nombreuses, elles ont souvent tendance à se ranger aux avis et décisions de la majorité qui, elle, ne combine pas les antagonismes. Voilà pourquoi ces profils particuliers ne se font pas remarquer ni mettre en avant dans les projets, et qu’autant de projets complexes n’aboutissent pas.

Pour identifier ces aptitudes, il s’agit donc de mesurer la finesse des « capteurs d’information » des personnes concernées, et l’aptitude naturelle à vivre avec les antagonismes, et à les combiner de façon pertinente. J’ai créé l’outil Identity dans ce but : tester n’importe quel manager, chef de projet, ou équipier, sur ces deux aspects. Et j’ai pu vérifier auprès de plusieurs de mes clients, soit que les chefs de projet testés étaient plutôt à leur juste place, soit identifier en interne de très bons talents de la complexité, pour mieux réussir ce type de mission.

Pour en savoir plus à ce sujet, et découvrir mon outil Identity, suivez ma Masterclass du mercredi 10 mai 2023.

Cyril Barbé

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