Comme je l’explique souvent, les HPI ont tellement la volonté d’être acceptés et reconnus par les autres, et d’être intégrés au sein de leur société ou « tribu », qu’ils déploient des efforts considérables pour s’adapter. Et ils y arrivent très bien car ils ont de très grandes capacités d’adaptation, on peut même affirmer qu’ils sont des champions en la matière. On parle alors de sur-adaptation car ils en viennent à oublier ou occulter leur vraie personnalité.
Dans certains cas, les HPI font même un déni de leur différence : certes ils la perçoivent au quotidien, mais ils considèrent que ces différences sont autant de défauts à gommer.
Plus le déni sera important et durable, plus le HPI en question sera longtemps et fortement en sur-adaptation. Et plus il s’épuisera, et plus le réalignement avec sa vraie personnalité sera difficile.
Pour quelles raisons certains HPI sont-ils ainsi dans le déni ? Quelles en sont les conséquences à long terme ? Et surtout comment sortir de ce déni, pour aller vers son plein épanouissement professionnel, et personnel ? Découvrez les réponses dans cet article.
Pour quelles raisons certains HPI sont dans le déni de leur différence ?
Être différent n’est jamais simple dans notre société. On pourrait croire le contraire, puisque l’on n’a jamais autant parlé de différences, de singularité, de diversité des profils. Certes, le chemin parcouru sur la question de l’acceptation de la différence est déjà énorme : que ce soit sur les questions de racisme, d’orientation sexuelle, de culture, ou de religions (même si ce sujet cristallise les tensions depuis quelques années).
Mais justement, c’est peut-être parce qu’il y a eu explosion ces dernières années d’affirmations – et de revendications – de ces différences, que l’on constate aujourd’hui une forme de frein, voire de rejet, dans cette dynamique d’ouverture.
On pourrait même affirmer que, d’une certaine façon, il y a une forme de trop plein de l’affichage de ces différences. Les êtres humains ont besoin de temps pour assimiler le changement (cf les études menées à ce sujet par Elisabeth Kübler-Ross). On entend même certains dire que ces différences n’existeraient pas, que ce serait juste une excuse de leurs auteurs pour ne pas faire d’effort pour s’intégrer à la société.
Pour toutes ces raisons, les HPI ne se sentent pas particulièrement à l’aise pour faire leur « coming-out ». Ils sentent bien inconsciemment que cet affichage pourrait être mal perçu, ce d’autant plus que le terme « HPI » porte en lui de nombreux mythes et croyances sur le sujet sensible et ultra controversé qu’est l’intelligence.
En fait, la plupart des HPI sont mal à l’aise avec le sujet, car il vient heurter certaines de leurs valeurs très fortes, que sont l’humilité, l’équité, la simplicité, entre autres. Plus généralement ils ont horreur de se mettre en avant.
C’est ainsi que, malgré tous les signaux qu’ils perçoivent en continu dans leur vie concernant leur différence, certains rejettent le sujet comme s’il constituait un danger pour eux, c’est en cela que certains HPI ont une forme de déni à ce sujet.
Je pense au cas d’un dirigeant que j’ai accompagné : il réagissait à tous mes articles, s’inscrivait à tous mes webinaires, mais sans jamais y participer. C’est quand je l’ai coaché que j’ai compris son blocage : admettre sa différence constituait une remise en cause trop douloureuse et trop risquée de tous les efforts qu’il avait consenti durant 50 ans.
Quelles sont les conséquences de ce déni à long terme ?
Découvrir son HPI à 30 ans n’est pas simple, mais le découvrir à 50, voire à 60, encore moins ! Or c’est ce le risque que prennent ceux qui sont dans le déni. En fait, les conséquences de ce déni à long terme vont au delà :
- D’abord ils ressentent un certain gâchis de ne pas avoir su avant, et le sentiment d’avoir perdu du temps à être en décalage avec eux-mêmes, à ne pas être à l’écoute de leurs besoins, et ne pas vraiment profiter de leurs pleins potentiels.
- Ensuite, rester trop longtemps dans la sur-adaptation peut conduire à l’épuisement, voire le burn-out (j’entends au moins un client sur 3 me parler de ce sujet)
- Enfin, se débarrasser de la sur-adaptation est d’autant plus difficile que le pli est pris depuis longtemps : avec le temps peut même se développer une forme d’aigreur ou de fatalisme (« ce n’est plus possible », « c’est trop tard » … )
- Et quand ils y arrivent enfin, le risque est de basculer dans l’attitude d’excès inverse, c’est-à-dire dans le rejet des autres (j’appelle cela l’effet « coup de balancier »), ce qui bien évidemment n’est pas non plus une bonne tactique.
Comment sortir de ce déni ?
La première clé est d’accepter que notre jugement peut être trompé : nous sommes très pertinents pour de nombreuses choses, capables de trouver des solutions à des tas de problèmes complexes, mais sommes plutôt impuissants pour résoudre nos difficultés tant qu’on ne les a pas qualifiées.
La seconde clé est d’accepter de se renseigner, lire des ouvrages ou des articles à ce sujet. Et quand vous faites le constat que vous « cochez » une majorité des caractéristiques qui y sont mentionnées, dites-vous que ça vaut le coup d’aller un peu plus loin.
La troisième clé : observez votre « petite voix qui juge » en permanence, du style « mais qui es-tu pour te prétendre HPI ? » ou encore « mais arrête de te trouver des excuses pour ne pas faire ! » ou encore « encore des coaches qui vont t’expliquer comment tu fonctionnes, alors que tu es déjà très fort en introspection. Et si cette voix est trop présente, questionnez-là : « qu’est-ce qui te permet d’être aussi affirmative ? »
Encore une fois, il est vrai que les HPI sont ont une grande appétence et sont très forts dans l’introspection, mais ils ne sont efficaces dans ce domaine que s’ils font le bon constat de départ, ce qui suppose de sortir du déni.
Pour aller plus loin
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Cyril Barbé