Même si c’est contre-intuitif, une des spécificités des HPI / multipotentiels est qu’ils sont de véritables « couteaux suisses », capables d’être experts dans plusieurs domaines à la fois.
Cette poly-expertise est un atout considérable pour s’adapter, et permettre à leur entreprise de s’adapter aussi, aux changements – de plus en plus rapides – que nous vivons tous.
Elle leur permet également d’être d’excellents interprètes entre différents experts, différents domaines techniques, différentes disciplines. Or cette communication interculturelle est stratégique dans une société comme la nôtre, sans cesse plus complexe.
Elle leur permet enfin d’inventer des solutions ultra-innovantes, à la croisée de mondes qui, habituellement, ne communiquent jamais.
Mais parallèlement et paradoxalement, elle constitue aussi pour eux un handicap :
- Pour se définir ou choisir une orientation professionnelle, un métier, un poste
- Pour faire valoir leurs compétences, leur expertise, qui est perçue à tort comme superficielle
Cet article montre, au travers de quelques exemples de personnages célèbres, pas forcément HPI, comment ceux-ci ont su faire de leur poly-expertise le pilier de leur brillante réussite.
La romancière JK Rowling
La célébrissime romancière et scénariste britannique est connue pour toujours avoir eu une imagination fertile, mais son projet professionnel était loin d’être clair dans son esprit. Elle a d’abord travaillé dans l’humanitaire, au sein d’Amnesty International, avant de devenir enseignante (en anglais et français), puis secrétaire pour le compte d’une Chambre de Commerce.
Licenciée, elle reprend l’enseignement, mais traverse une période dépressive. En effet, l’aboutissement de son projet de roman Harry Potter, avant de connaître un succès planétaire, a été long et douloureux, et s’est étalé sur plus d’une dizaine d’années, avant qu’elle ne décide de le finaliser en quelques nuits blanches.
Le multi-inventeur et artiste Leonard De Vinci
Il est l’archétype du multi-potentiel, capable d’être expert dans un grand nombre de disciplines : simultanément artiste, organisateur de spectacles et de fêtes, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, sculpteur, peintre, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, philosophe et écrivain.
Ce mélange des genres totalement « contre nature » ne l’a pas empêché d’être un multi-inventeur génial et ultra-avant-gardiste, dont aujourd’hui tout le monde cherche à s’inspirer.
Le scientifique Louis Pasteur
Louis Pasteur est un véritable chercheur touche-à-tout. Au cours de sa vie, il va s’intéresser à la chimie, la physique, la cristallographie, la biologie, l’agriculture, la médecine, et à un sujet encore inconnu à son époque : l’hygiène.
C’est grâce à cette ouverture d’esprit et son aptitude à croiser les disciplines qu’il aura l’intuition d’inventer le premier vaccin (contre la rage).
Le chef étoilé Bruno Verjus
Il est un des rares chefs étoilés sans avoir suivi de formation culinaire, ce qui est déjà exceptionnel en soi. Mais plus encore, il ne s’est lancé dans le métier qu’à l’âge de 54 ans ! Sa formation ? Des études de médecine, pour lesquelles il n’a jamais exercé. Il était d’avantage attiré par les voyages et les rencontres, et a commencé sa carrière comme entrepreneur en Chine, avant de devenir journaliste culinaire et d’écrivain.
L’explorateur Paul-Emile Victor
De formation ingénieur à l’École Centrale de Lyon, il s’oriente ensuite vers la marine, en tant qu’élève officier. Mais déçu par cette carrière, dont il se faisait une idée plus romanesque, il se forme au brevet de pilote d’avion. Puis, il travaille 2 ans pour les Etablissements E.H. Victor (usines de stylos), avant de s’intéresser à l’ethnographie.
Il commence sa carrière d’explorateur en 1934 grâce à sa rencontre avec l’explorateur polaire français Jean-Baptiste Charcot.
Pendant la guerre 39-45, il est mobilisé et en 1942, il s’engage dans l’US Air Force comme GI, avant de devenir lieutenant-instructeur, pilote et parachutiste.
Et pendant sa longue carrière d’explorateur, il a été au début des années 70 l’un des précurseurs du développement durable en créant avec d’autres scientifiques son Groupe pour la défense de l’homme et de son environnement.
Ce que m’inspirent ces différents exemples ?
Ces différents personnages n’étaient peut-être pas HPI ou multi-potentiels, mais là n’est pas le plus important. Ils ont su faire de leur éclectisme une force. Ils ont surtout su :
- Accepter l’idée même d’être multiple (c’est loin d’être le cas chez les HPI)
- Plus généralement s’accepter eux-mêmes, ou apprendre à le faire, ne plus dépendre du regard des autres, et ainsi ne plus chercher à entrer dans un moule qui ne peut leur convenir
- Suivre leurs intuitions au cours de leur vie, saisir les opportunités qui se présentent, sans se mettre trop de barrière (comme celle du sentiment d’imposture, ou encore la peur de manquer d’argent)
- Sans renier ses expertises passées, se focaliser sur un objectif à la fois pour devenir crédible
Des clés pour les multi-potentiels
Ils ont passé leur vie à s’adapter aux autres, et sortir de la sur-adaptation n’est pas simple. Et accepter d’être soi-même leur semble une solution contre-intuitive, puisqu’elle les a conduits jusque-là à l’incompréhension ou au rejet des autres.
De plus, ils ont tellement réussi à atteindre, seuls, les différents objectifs difficiles et ambitieux qui se sont présentés à eux, qu’ils ont du mal à imaginer que, pour une fois, ils ne peuvent pas trouver et mettre en œuvre, seuls, la solution à leur problème de choix.
D’où l’importance de ce se faire accompagner, par un expert lui-même HPI, ayant vécu les mêmes difficultés qu’eux.
Pour aller plus loin
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Cyril Barbé
