Pourquoi trouver sa voie est-il si difficile pour un HPI (*) ?

J’ai côtoyé des centaines de HPI depuis quelques années, dont un certain nombre que j’ai accompagnés sur la durée pour divers objectifs professionnels. Le plus fréquent d’entre eux concerne leur difficulté à identifier un projet professionnel qui leur convienne, et qui leur permette de pleinement s’épanouir.

Question : pourquoi les HPI seraient-ils si démunis dans ce domaine, alors même qu’ils sont si doués par ailleurs pour apprendre et progresser dans un très grand nombre de domaines, et s’adapter y compris aux sujets les plus complexes et les plus éloignés d’eux ? La réponse n’est pas si simple, et cet article tente de vous apporter quelques éclairages à ce sujet.

Un grand éclectisme, un intérêt pour mille choses

Bien sûr c’est la raison principale, qui vient en premier : les HPI adorent apprendre, s’enrichir de nouvelles choses, et ont un appétit insatiable pour un grand nombre de sujets, de domaines. Ils deviennent facilement incollables sur tous ces sujets, et finissent par devenir des multi-spécialistes, au point de ne plus vraiment savoir quelle est leur expertise. A contrario, la majorité des personnes ont, en général, beaucoup moins de mal à choisir leur voie et donc à se définir leur expertise.

C’est justement là qu’arrive un premier écueil de taille : les HPI ont tendance à se chercher une expertise parmi celles qui existent chez la majorité des gens, c’est-à-dire une expertise à la fois étroite et profonde, comme par exemple : Data scientifique, expert-comptable, UX designer, boulanger, responsable RH, musicien, ou encore chef de chantier. Or, du fait de son mode de fonctionnement si particulier, un HPI ne pourra se définir une expertise qu’à la croisée de plusieurs chemins, de plusieurs disciplines. D’une part pour assouvir son besoin d’éclectisme, et d’autre part parce que c’est dans ce type de fertilisation croisée que le HPI trouvera à la fois le niveau d’originalité et de complexité qu’il recherche.

En résumé, les HPI ont tendance à ne pas chercher leur expertise et leur voie au bon endroit, ou plus exactement à chercher quelque chose d’existant alors que leur vocation est de créer leur propre voie, ou s’inspirer de voies tellement innovantes qu’elles ne leur sont pas toujours visibles.

Une tendance à la sur-adaptation aux autres

Ils cherchent donc à s’adapter aux autres dans leur quête de leur voie. En effet, ils ont le plus souvent ressenti très tôt un sentiment de décalage par-rapport aux autres, et donc d’incompréhension. Parallèlement, du fait de leur sensibilité et empathie, ils ont toujours besoin de se sentir acceptés et intégrés. C’est pourquoi ils ont tendance à s’adapter aux autres, au point d’en oublier leurs modes de fonctionnement préférentiels, leur personnalité authentique. Et cette tendance à la sur-adaptation est un réflexe acquis depuis très longtemps, et à l’image des faux plis sur un drap rangé depuis très longtemps, il faudra du temps et de l’énergie pour s’en défaire.

A cela s’ajoute parfois le fait d’avoir enfoui certaines de ses émotions, trop intenses et difficiles à vivre.

Ces deux déconnexions, de leur personnalité et de leurs émotions, les empêchent d’y voir clair sur leurs aspirations profondes, et s’y reconnecter est très difficile à faire tout seul.

Un besoin d’utilité et de sens très prononcé

Les HPI ont un très fort besoin de sens dans leur travail. On en trouve beaucoup dans les métiers de l’accompagnement humain, du médical, de l’environnement, des services à la personne. Mais comme bien souvent dans notre société actuelle, la question du sens vient en second après la rentabilité économique. Fréquemment même, les belles valeurs affichées au fronton de l’entreprise ne sont là que pour masquer un fond très mercantile.

Il leur est donc difficile de trouver un environnement de travail cohérent avec leurs valeurs profondes (teintées d’humanisme, d’environnement, de solidarité ou autre). Et comme ils ont tendance à voir les autres à leur propre image, directs et sincères, ils ont du mal à détecter la sincérité et le véritable état d’esprit de leurs premiers contacts chez de futurs employeurs potentiels lors d’entretiens de recrutement par exemple.

Trouver leur voie revient donc à identifier des dirigeants ou managers qui partagent leur besoin de sens et valeurs profondes, ce qu’ils ne savent pas toujours comment faire.

Un haut niveau d’exigence

Les HPI sont toujours dans les superlatifs, y compris pour se fixer des objectifs : s’ils doivent gravir une montagne, c’est l’Everest ou rien ; s’ils doivent voyager, ce n’est pas sur Terre mais sur la Lune ; s’ils doivent lancer un projet, il sera forcément très complexe … Il en va de même pour leur projet professionnel, qui doit intégrer un grand nombre de contraintes, qui bien souvent sont quasi incompatibles.

Je pense à l’une de mes clientes, qui avait un très bon niveau de vie et qui m’avait précisé dès le début de la 1ère séance que perdre ne serait-ce qu’un peu par-rapport à ce haut niveau de vie n’était pas envisageable pour elle. Or elle était attirée par des jobs dans le domaine de la transition écologique, domaine où les hauts salaires ne sont pas légion (comme c’était le cas dans son job actuel). C’est en lui posant la question un jour suivante « Parmi toutes les contraintes que tu t’es fixées pour ton futur emploi, sur laquelle serais-tu prête à lâcher du lest ? » qu’elle a pris conscience de son trop haut niveau d’exigence.

Par ailleurs, bien souvent un HPI ne veut même pas essayer une situation où il « lâcherait un peu de lest ». Il a besoin d’un fort encouragement pour essayer, avant de réaliser par lui-même que cette situation lui serait suffisamment épanouissante. Et d’encore d’autres encouragements lorsqu’il rencontre les premiers écueils …

En résumé, un HPI n’a pas conscience qu’il se fixe des objectifs parfois inatteignables, peut se décourager facilement face à l’adversité, et balaie souvent du revers de la main un objectif moins difficile, qui lui semblerait ennuyeux.

Une conviction profonde qu’il saura mieux s’en sortir seul

Dernier point que je veux aborder dans cet article, et non des moindres : le HPI a tellement constaté depuis tout petit, à quel point il sait faire beaucoup de choses mieux que les autres, plus vite que les autres, seul, qu’il s’est auto-convaincu que c’est aussi seul qu’il pourra résoudre son problème de projet professionnel, dans lequel il sent pourtant embourbé.

De plus, se faire aider n’est pas un réflexe naturel car il se sentirait affaibli, redevable, ou manquant d’autonomie, une valeur très fréquente chez lui.

Et quand parfois il décide de faire appel à un accompagnement, n’ayant pas toujours conscience de sa spécificité de HPI, il n’a pas le réflexe de choisir un expert spécialisé dans ce domaine, et fait donc un constat amer d’échec, ce qui le conforte dans son idée de tenter de s’en sortir seul …

Vous voulez en savoir plus sur ce sujet, trouver des clés pour surmonter ces obstacles ? Suivez mon webinaire gratuit mercredi 6 décembre à 18h00 sur le thème « HPI / multi-potentiels : quel projet professionnel pour vous épanouir pleinement ? ».

Infos et inscriptions ici : https://apolloconseil.fr/webinaire-hpi/webinaire-hpi-6-dec-2023

Cyril Barbé

(*) Je précise que je n’aime pas ce terme, qui laisserait entendre qu’il existerait des « hauts potentiels » et des « bas potentiels » chez les êtres humains, ce que je réfute totalement. Je préfère souvent le terme multi-potentiels, à la fois moins stigmatisant et plus explicite, mais pour des questions de simplicité j’ai conservé ces 3 lettres qu’une majorité de lecteurs connaît mieux …

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