Les HPI / multi-potentiels ont beau avoir un caractère généralement affirmé, et un regard affûté sur un grand nombre de sujets, ils manquent souvent cruellement d’assertivité dans leur vie professionnelle, et même personnelle.
Sur-adaptation, peur de déranger, de choquer, de paraître pour arrogant, de ne pas être acceptés et intégrés, sentiment d’imposture, autant de raisons expliquant ce phénomène. Mais l’assertivité n’est pas seulement une compétence devenue très demandée, elle est aussi indispensable pour exister, et encore plus pour les HPI qui n’entrent pas facilement « dans le moule ».
Pour quelles raisons les HPI manquent-ils d’assertivité ? En quoi est-elle particulièrement vitale pour les HPI ? Comment [re]devenir des champions dans ce domaine, et être en mesure, grâce à elle, de déployer pleinement leurs ailes ?
Découvrez-le en lisant la suite.
Assertivité, de quoi parle-t-on ?
L’assertivité est la capacité à s’affirmer dans ses relations aux autres, tout en respectant les autres. A exprimer ses propres besoins tout en respectant ceux des autres.
On l’oppose souvent à 3 autres types d’attitude classiques : agressive, passive, ou manipulatrice. Sur le schéma suivant, on retrouve ces 4 types d’attitudes dans la relation à l’autre, en fonction de son rapport à soi et celui aux autres, de son aptitude à être à l’écoute de ses propres besoins et de ceux des autres.
Cela veut donc dire savoir dire non quand la demande d’autrui vient à l’encontre de nos capacités, nos valeurs, ce qui est souvent difficile chez les HPI qui sont dans la sur-adaptation. Mais curieusement, les HPI peuvent alterner très fréquemment entre cette attitude, plutôt passive, et une attitude plutôt agressive, du fait des frustrations qu’ils peuvent vivre au quotidien. Ce qui renforce la difficulté à savoir comment sortir de ces schémas.
Quelle étymologie ? Le mot assertivité vient de l’anglais to assert, qui signifie affirmer, s’affirmer, défendre ses droits, défendre son opinion. Ce terme anglais est d’ailleurs lui-même issu d’un mot français assertion, dérivé du latin asserere, qui signifie revendiquer, prétendre, affirmer.
Pour quelles raisons les HPI manquent d’assertivité ?
Être en mesure de s’affirmer suppose d’avoir une estime de soi suffisante. Le schéma présenté ci-dessus s’applique d’ailleurs aussi bien avec un axe vertical sur l’estime de soi.
Or les HPI manquent très souvent d’estime d’eux-mêmes, comme je l’explique dans cet autre article. Plus concrètement, les causes de ce manque d’assertivité peuvent être les suivantes :
- Sur-adaptation aux autres : c’est un phénomène très courant chez les HPI, qui est lié à leur décalage aux autres, combiné au fait qu’ils ont un fort besoin de connexion avec eux. En constatant ce décalage, et parfois le rejet dont ils font l’objet, ils vont chercher à s’adapter aux besoins des autres en oubliant les leurs
- Peur de déranger : les HPI peuvent déranger et bousculer les ordres établis, et souvent de façon plus ou moins inconsciente, ce qui dérange aussi et déstabilise les personnes elles-mêmes, et in fine provoque ce rejet.
- Peur de choquer : leurs idées très innovantes et avant-gardistes sont souvent incomprises, trop en avance, trop décalées, et peuvent choquer. Parfois même lorsqu’ils ne se sentent pas « entendus » dans leur singularité et leurs intuitions, ils peuvent adopter des attitudes provocantes
- Peur de paraître pour arrogant : ils ont horreur de paraître pour arrogants, mais c’est pourtant souvent cette image qu’ils peuvent donner aux autres, par leur vitesse, leur facilité à comprendre et voir les choses, leur aptitude à la vision globale, à la gestion de la complexité, mais aussi par leurs mouvements d’impatience et d’agacement souvent inconscients.
- Peur de ne pas être acceptés et intégrés : encore une fois, ils ont un fort besoin de connexion aux autres, mais ceux-ci ne leur rendent pas vraiment, et ils apprennent très tôt à déployer des efforts considérables pour être acceptés.
- Sentiment d’imposture : leur haut niveau d’exigence, combiné au rejet dont ils peuvent être l’objet, crée ce sentiment d’imposture.
En quoi l’assertivité est-elle vitale pour les HPI / multi-potentiels ?
Ne pas être assertif, cela signifie adopter une attitude teintée de passivité, d’agressivité, ou de manipulation. Dans les 3 cas, les conséquences à terme sont très négatives : dégradation des relations interpersonnelles, frustration, émotions négatives, difficultés à exprimer son leadership, à faire passer ses idées, à défendre ses équipes, ou encore à convaincre des clients pour des commerciaux ou des entrepreneurs. Et une autre conséquence est de se décrédibiliser aux yeux de sa hiérarchie ou de ses interlocuteurs.
Dans le cas des HPI, ces réactions seront démultipliées, car ils vivent tout à 200%.
👉 Quand ils sont passifs, ils peuvent se replier complètement sur eux-mêmes, avec des sentiments mêlés de culpabilité, de honte, d’auto-sabotage, pour se confirmer le sentiment qu’ils sont « nuls » et que ce sont les autres qui ont raison à leur place.
👉 Quand ils sont agressifs, leurs colères peuvent être violentes, même s’ils tentent de les contenir, avec des conséquences dramatiques sur leur carrière.
👉 Quand ils manipulent (c’est beaucoup plus rares), ils peuvent adopter des attitudes perverses pour atteindre leurs objectifs.
Ils vivent tout beaucoup plus fort : leurs perceptions des situations, leurs émotions, leurs réactions, leur tendance à la passivité ou l’agressivité. Et les conséquences sur leur carrière professionnelle, sur leurs relations, sur leur chiffre d’affaires, sont tout autant démesurées. Voilà pourquoi être assertif est tout simplement vital pour eux.
Comment [re]devenir des champions de l’assertivité ?
De façon assez contre-intuitive, vous ne serez pas des champions de l’assertivité en lisant tous les livres et en suivant toutes les formations dans ce domaine.
Anecdote de ma propre histoire : j’ai suivi plusieurs formations en assertivité, mais qui n’ont pas vraiment été efficaces pour moi, malgré leurs grandes qualités, car j’avais d’autres freins inconscients qui m’empêchaient d’appliquer les préceptes que j’y apprenais.
En réalité, il y a même de fortes chances que ce que vous lirez sur l’assertivité vous semblera évident, et que vous aurez donc le sentiment de ne pas y apprendre grand-chose. Tout repose donc sur un élément clé : prendre conscience de votre spécificité, et apprendre à l’utiliser pour mieux l’affirmer. Concrètement, sur quoi travailler ?
💡Travailler votre estime de vous
Cela passe par des techniques et outils spécifiques aux HPI. Les techniques classiques en effet, telles que la répétition de messages positifs, vous paraîtront trop superficielle pour avoir un réel impact.
Je vous recommande à nouveau mon article pour aller plus loin sur ce sujet.
💡Apprendre à mieux vous connaître
Certes, vous avez une forte capacité d’introspection, et donc de connaissance de vous-même. Mais concernant vos modes de fonctionnement, vous avez tendance à les voir comme autant de défauts à gommer voire à supprimer, et donc à passer à côté de l’essentiel dans cette introspection.
Dans certains cas, vous pouvez aller jusqu’au déni de différence (cf cet autre article), surtout si vous voyez le HPI comme une façon arrogante de vous présenter. Or ce n’est pas le QI qui nous intéresse ici, mais bien vos modes de fonctionnement spécifiques et authentiques.
Et cette ignorance de vos modes de fonctionnement, voire ce déni de différence, sont de vrais freins à la bonne connaissance de vous-mêmes, et vous conduisent à de nombreux quiproquos et incompréhensions.
Apprendre à mieux vous connaître suppose donc de :
- Sortir du déni de différence, accepter d’investiguer ce sujet qui vous repousse
- Surmonter les freins, les peurs à cette prise de conscience – par exemple la crainte d’être encore plus rejeté si vous êtes encore plus « vous-même »
- Et pour cela, travailler vos émotions.
💡Travailler la gestion de vos émotions
C’est un sujet que j’évoque dans tous mes articles, mais comme pour l’estime de soi, cela suppose des tactiques et outils bien spécifiques. En effet, la gestion des émotions par la prise de recul ou la respiration ne fonctionnent pas vraiment, quand vos émotions arrivent beaucoup plus vite et beaucoup plus fort que pour la majorité.
💡Solliciter l’aide d’un tiers
Pour tout cela, il faut savoir se faire aider. Ce n’est pas naturel pour vous, tant vous êtes doués pour résoudre la plupart de vos problèmes par vous-mêmes, sans l’aide de personne. Et aussi parce que souvent, vous pensez ne pas mériter cette aide. Et quand enfin vous vous décidez, vous vous dites que vous êtes trop souvent incompris, pour espérer rencontrer un coach professionnel qui saura vous comprendre, et donc vous accompagner.
Pour aller plus loin
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Cyril Barbé
