Confiance en soi : je vois un type fort, un type fier …

Cet extrait culte du film non moins culte « Rasta Rocket » en dit long sur le thème de la confiance en soi et de l’image de soi.

Le film raconte l’histoire vraie partiellement romancée de l’équipe jamaïcaine de bobsleigh aux JO d’hiver de Calgary en 1988, ce qui constitue déjà un sujet original. Cette équipe s’est constituée à l’initiative de Leon, un sprinter de niveau mondial, qui s’est trouvé accidentellement disqualifié lors des sélections nationales aux JO d’été. Il s’associe aux 2 autres malheureux sprinters tombés avec lui, et à son ami Sanka un rasta bon vivant champion local de pushcart et roi des dreadlocks.

Bien sûr, personne en Jamaïque ne croit en leur projet totalement incongru et leur histoire se serait arrêtée là si Junior Bevil, à l’origine de sa chute aux sélections, n’avait l’idée de vendre sa belle voiture décapotable pour financer leur inscription, à l’insu de son riche père, qui voit en lui un futur cadre reconnu d’une grande maison de courtage de Miami.

L’action se déroule alors que le père de Junior, informé de la présence de son fils au JO au Canada, est furieux et veut le contraindre à rentrer en Jamaïque pour lui faire entendre « raison ». Comme beaucoup de pères, il nourrit une grande ambition et autorité envers son fils, et ce dernier oscille en permanence entre le respect pour son père qu’il admire tant, et l’impérieuse expression de sa propre personnalité, l’émergence de son histoire, qui plus est qu’il construit dans la résilience et la solidarité avec son équipe.

Dans cet extrait du film, Junior est en quelque sorte propulsé et transcendé par son ami et équipier du moment Yul Brenner, qui ne supporte plus de le voir ainsi s’aplatir comme une carpette devant son père.

Grâce à l’admiration de Junior pour son ami Yul, un véritable mentor pour lui, il prend conscience en quelques instants de son vieil enfermement, et de l’autorité castratrice de son père qui l’empêche d’exprimer sa vraie personnalité.

Yul lui transmet sa force intérieure par une posture de type coaching : « ce qui compte c’est ce que tu vois toi ». Même si la forme n’y est pas, le fond est là : interroger l’autre sur son propre regard. Par sa confiance en Yul, Junior est en écoute de sa propre colère intérieure, qu’il laisse enfin s’exprimer. Cette séquence se déroule devant un miroir, or c’est bien l’effet miroir qui permet à Junior d’être ainsi entraîné et galvanisé par sa propre image retrouvée.

Cette réaction est si subite que Yul est lui-même surpris de l’effet qu’il a produit en si peu de temps sur Junior, et craint presque la confrontation immédiate qu’il va chercher avec son père.

A l’évidence, Junior souffre d’un manque de confiance dans sa personne, par peur d’être rejeté par son père. Il n’a probablement pas pu exprimer dans son enfance son opposition à l’autorité parentale, pourtant si fondamentale dans la construction identitaire. Comme l’écrit Isabelle Filliozat dans son célèbre ouvrage « Fais-toi confiance », si l’enfant se ne sent pas accepté dans ses refus, dans sa recherche de lui-même, soit il se bloquera dans l’opposition systématique, soit il redeviendra le gentil garçon à sa maman (ou plutôt son papa comme dans le cas de Junior).

Dans cet extrait, le trait a certes été un peu forcé sur la forme, par l’ampleur et le caractère si subit de sa colère. Pour autant, sur le fond, Junior me semble très inspirant pour toutes celles et tous ceux qui souffrent de ce type de manque de confiance : « affirmer vos désirs, vos besoins, accepter de vous tromper, constater que cela n’a pas tant d’importance, de traverser enfin votre naturelle période d’égoïsme, pour mieux discerner votre égo, suffisamment pour être vous-même par la suite » (I. Filliozat).

Et Junior continuera néanmoins d’aimer son père, de le respecter en tant que personne, ni plus ni moins que sa propre personne.

A toutes celles et ceux qui veulent retrouver la force et la fierté qu’ils ont perdues en chemin …

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