HPI, multi-potentiels : bien vivre le grand écart entre vos douances et vos handicaps ?

Non, je vous rassure, je ne considère pas le fait d’être HPI ou multi-potentiel comme un handicap. Quoique ? En réalité, ce que je constate au quotidien, être multi-potentiel, c’est être très doué pour certains choses, et pas du tout pour d’autres.

Problème : quand on est habitué à être ultra-performant dans un grand nombre de domaine, il est très difficile de vivre sereinement ses domaines de handicap. Et les conséquences sont un manque de patience, une frustration de ne pas y arriver, l’agacement voire la colère, et in fine, renforcement du sentiment de ne pas y arriver, dans une logique de cercle vicieux.

Comment sortir de ce mécanisme délétère ? Comment bien vivre cette dichotomie entre vous douances et vos handicaps ? Comment réussir à faire progresser ces derniers vous freiner pour « déployer vos ailes » ?

C’est l’objet de ce nouvel article.

Douances et handicaps : anecdotes vécues

Je pense à un de mes clients, surdoué pour comprendre les modes de fonctionnement des autres, anticiper leurs paroles et réactions, et s’y adapter, mais se sentant par ailleurs impuissant pour se présenter d’une façon positive auprès de personnes ne le connaissant pas. Avec toutes les conséquences négatives pour retrouver un emploi, qui plus est cohérent avec ses aptitudes.

Je pense à cet autre client, surdoué en finances complexe, souhaitant changer d’orientation, mais pétrifié par sa peur de l’échec (qu’il rencontrait pourtant très rarement) : cette peur le bloquait totalement dans la mise en action, et le frustrait terriblement.

Un troisième qui, surdoué pour imaginer et mettre en œuvre des solutions techniques dans des environnement complexes dans la tuyauterie, se sentait incapable d’exprimer ce qu’il ressentait, avec pour conséquence de s’ennuyer terriblement dans son entreprise, où son patron ne le laissait pas libre de choisir ses missions.

Pour ma part, j’ai toujours été ultra rapide pour organiser, anticiper, comprendre et gérer des projets complexes, mais je me sentais avant impuissant pour comprendre le mode de fonctionnement des autres, et les interactions en situation collective : comment être pleinement efficace dans mes projets si j’adoptais des attitudes inadaptées avec certaines personnes ?

Pour tout le monde, je parle au passé puisque chacun a travaillé sur ses difficultés, et a su y trouver des solutions durables.

Des conséquences insidieuses à cette opposition radicale

Mais le problème, c’est que cette opposition radicale entre d’un côté des domaines de douance, où l’on est très rapide et très performant, et de l’autre des domaines où on se sent handicapé, est très difficile à vivre. C’est comme si vous deviez conduire en même temps une formule 1 et un vieux tacot, ou encore si vous deviez enseigner dans la même classe à des maths-sup et des maternelles.

Il se produit un tiraillement intérieur très générateur de stress : faut-il appuyer encore plus sur l’accélérateur pour accompagner le mouvement de vos douances, ou au contraire freiner un grand coup pour faire progresser vos handicaps ? Et c’est un stress récurrent, le plus délétère pour la santé physique et mentale (hypertension, nervosité, fatigue, dépression, burn-out …).

Plus encore, ce tiraillement provoque une grande frustration, et donc agacement puis colère, l’émotion la plus fréquente chez les HPI (cf cet article). Et cette colère alimente fait perdre la capacité à raisonner de façon rationnelle, renforce votre auto-jugement négatif sur ces « handicaps », et vous empêche de trouver des solutions pour les faire progresser, un véritable cercle vicieux.

Les conséquences pour les HPI entrepreneurs

Dans le cas d’un entrepreneur, cette mécanique du doute peut être destructrice : mes handicaps sont rédhibitoires pour être crédible ou légitime, mon produit n’est pas bon, je ne sais pas vendre, je ne suis pas fait pour réussir en tant qu’entrepreneur. Comment convaincre des prospects quand on est dans le doute permanent, et qu’on grignote son estime de soi, déjà fragile ?

Bien sûr, tout cela n’est qu’une pure projection de notre part : il existe des tas de HPI entrepreneurs qui réussissent, et même très bien. Mais avancer vite quand on a le sentiment d’avoir des boulets aux pieds, c’est compliqué.

Des clés pour sortir de ce mécanisme destructeur

Là encore, cet état de fait n’est absolument pas une fatalité. Mais il faut mobiliser une aptitude chez soi un peu particulière, que l’on ignore souvent, et donc que l’on ne sait pas forcément mobiliser à la demande : celle de savoir combiner les opposés, les manier en parallèle.

Exemple : vous pouvez tout à fait continuer à être hyper exigeant d’un côté, sur vos domaines d’excellence, car c’est ainsi que vous les exploiterez pleinement, et les ferez progresser, tout en développant une grande indulgence et bienveillance par ailleurs, pour vos handicaps.

Il s’agit aussi d’adopter un nouveau regard sur ces « handicaps ». Je trouve que les Jeux Paralympiques de Paris 2024, sur le point de s’achever, sont en cela d’un grand enseignement : les athlètes paralympiques ne cherchent pas à faire comme les valides pour exercer leur sport, et encore moins pour y exceller, mais inventent des outils, des techniques et tactiques spécifiques.

Il en va de même pour les multi-potentiels : les tactiques à employer pour s’interfacer efficacement à leurs contacts, prospects, clients, ne sont pas les mêmes que celles des autres ; les techniques de vente ne sont pas des techniques classiques (cf cet article) ; les techniques de gestion des émotions ne fonctionnent pas bien (cf cet article), si tant est que ce sont des sujets de difficulté pour eux.

Enfin, il s’agit d’apprendre à inhiber un mécanisme inconscient, très répandu chez nous : la tendance à la généralisation et la surinterprétation (cf cet article). Notre cerveau est comme cela, il fait des connexions plus nombreuses et fréquentes, et en particulier entre les sujets qui n’ont pas de rapport à priori (c’est ce qui nous rend si créatifs et innovants). Mais parfois ces liens sont abusifs : je suis nul dans tel domaine, donc je suis nul tout court. C’est d’autant plus vrai que notre haut niveau d’exigence ne peut se satisfaire de l’à peu près et du médiocre.

Ainsi, nous avons tendance à projeter nos aptitudes globales, et notre valeur intrinsèque, au niveau de l’image que nous nous faisons de notre niveau dans nos handicaps : très faible. Autrement-dit, nous créons artificiellement un effet Golem (contraire de l’effet Pygmalion, qui lui est positif), sur nous-même.

Comment inhiber cette tendance : déjà en en prenant conscience. Ensuite, en s’appuyant sur le regard des autres, non multipotentiels : ceux-ci ont-ils la même intransigeance que vous sur vos « handicaps » ? J’ajoute parfois des guillemets car, comme vous l’avez compris dans cet article, cette notion de handicap est purement subjective.

D’ailleurs, je terminerai cet article par un anecdote : une amie montagnarde, victime d’un grave accident de la route, amputée d’un bras et paraplégique, m’a dit un jour : « mais je ne suis pas handicapée ! ». C’est certainement ce qui lui a permis de réapprendre à marcher, à la grande surprise des médecins, et de re-gravir le Mont-Blanc, entre autres.

Et si demain, votre regard sur vos propres « handicaps » changeait, qu’est-ce que cela vous permettrait de gravir comme montagnes ?

Pour aller plus loin

Suivez mon webinaire gratuit sur le thème « HPI, multi-potentiels : comment [re]devenir un entrepreneur à succès ? » du mardi 17 septembre 2024 à 18h00.

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Et pour prendre rendez-vous avec moi, c’est ici.

Cyril Barbé

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