Innover : une nécessité absolue pour toutes les entreprises
Notre monde évolue sans cesse, et notre contexte économique aussi, et nous devons nous y adapter au risque de disparaître, comme les dinosaures en leur temps.
Dans un environnement d’incertitude et de complexité croissante, maintenir ses parts de marché et sa rentabilité est devenu un exercice de haut vol, un difficile équilibre où il faut sans cesse se réinventer, tout en sachant s’appuyer sur ses forces, ses expertises, et ses réussites.
De nombreux champions dans leur domaine sont disparus en quelques années : Kodak en manquant le virage de la photo numérique dans les années 70, Nokia celui du smartphone dans les années 2000, ou encore Felix Potin celui de la grande distribution dans les années 80, pour ne citer que ceux-là.
Développer des produits ou services avant-gardistes, faire évoluer en profondeur votre modèle économique, est donc une nécessité absolue pour tous, pour vous faire prendre durablement un temps d’avance par rapport à votre concurrence.
Une question de talents plus que de méthodes
Comment naissent ces innovations de rupture, ces brillantes idées qui révolutionnent notre vision du monde, notre connaissance, ou simplement notre modèle économique ?
Bien que de très nombreuses méthodes d’innovation aient été inventées depuis une centaine d’années, et qu’on se soit intéressé de près à ce processus, force est de constater que certaines personnes semblent avoir un don pour cela.
Comment Steve Jobs en est arrivé à inventer le smartphone, alors qu’aucune demande de clients n’existait en ce sens ? Comment est Gutenberg a fait naître le procédé de l’imprimerie en s’inspirant de l’orfèvrerie, un domaine qui n’avait rien à voir à priori ? Imaginait-on en lançant le premier satellite artificiel Spoutnik en 1957, comment cette invention allait plus tard permettre l’émergence du téléphone portable, du GPS, ou encore des prévisions météo ?
Cet article s’intéresse aux talents de l’innovation, et à leur fonctionnement neuronal particulier : comment les identifier ? Quelles conditions – en particulier managériales – pour favoriser leur haut niveau d’innovation effectif ? Comment essaimer autour d’eux en formant et en acculturant vos équipes à ces modes de fonctionnement ?
Des aptitudes particulières, des talents de l’innovation
On a tous en tête des Archimède, Copernic, Newton, Edison, Pasteur, Einstein … Notre vie n’aurait rien à voir sans leurs inventions géniales. Mais qu’avaient-ils de si particulier ?
L’Université de Harvard a mis en évidence 3 systèmes cérébraux clés dans le fonctionnement créatif de nos cerveaux, qui fonctionnent en parallèle : le système du « mode par défaut », mobilisé quand on rêvasse, qu’on se projette dans le futur ; le système de « contrôle », qui aurait deux fonctions : évaluer si une idée est pertinente et réorienter nos recherches si besoin, et inhiber notre mode de « pensée automatique », pour nous faire sortir des sentiers battus ; et enfin le système de « saillance », pour identifier les idées les plus originales et de les envoyer au réseau de contrôle.
Elle a surtout identifié que notre potentiel de créativité et d’inventivité est d’autant plus fort que les connexions entre ces 3 réseaux sont nombreuses.
Nous aurions donc de façon innée un potentiel créatif plus ou moins important ? En réalité, plusieurs études ont montré que ce potentiel créatif peut se développer, soit par l’éducation soit par le contexte social. Par exemple, un contexte où la norme et l’uniformité sont importantes, et où l’altérité est considérée comme dangereuse, bridera ce potentiel. A l’inverse, un contexte où l’on encourage la différence et la singularité favorisera son développement.
Quelles sont les aptitudes particulières des talents de l’innovation ?
Innés ou acquis, ces talents de l’innovation peuvent se reconnaître au travers de plusieurs aptitudes spécifiques.
- Une grande sensibilité, et une aptitude à capter les signaux faibles, et les utiliser de façon pertinente
Ils sentent quand le vent risque de tourner, ils ont avant tout le monde une conscience que le modèle de leur entité va être périmé, qu’il faut engager des changements, et dans quelles directions. En acoustique, un signal faible est masqué par l’existence de différents bruits de puissance beaucoup plus importante : c’est pourquoi il faut être plus sensible que la moyenne pour capter ces signaux faibles.
Exemple : la mode des vêtements d’occasion est revenue au 1er plan dans les années 2000, avec la prise de conscience écologique. De son côté, le français Bernard Graf a créé Eureka Fripes dès 1974, et réalise aujourd’hui 42 millions de chiffre d’affaires. Il anticipe aussi dès 2009 l’intérêt pour l’upcycling, qui consiste à fabriquer de nouvelles pièces à partir de vêtements d’occasion.
2. La vision à long terme
Ils savent se projeter dans un avenir lointain, imaginer ce que sera leur environnement, et les besoins afférents à cet environnement.
Exemple : Douglas Engelbart, un pionnier de l’interface homme-machine, est célèbre pour avoir inventé la souris, développé le système hypertexte, les réseaux informatiques et les premières interfaces graphiques. Il a créé une informatique pensée pour l’individu et non une institution, et qui lui sert à produire, organiser, transformer et communiquer l’information, et plus seulement à calculer.
3. La pensée arborescente
Ils utilisent de façon naturelle et spontanée la fertilisation croisée entre disciplines ou domaines très différents, ce qui dont souvent lieu à des idées qui peuvent sembler farfelues aux yeux de la majorité. Nous avons tous en nous ce fonctionnement de pensée en arborescence, mais chez les talents de l’innovation, cette aptitude est beaucoup plus développée que chez la moyenne.
Exemple : Jules Hammond, fondateur et CEO de la start’up BeFC, qui invente une pile électrique éco-conçue pour les appareils électroniques de basse puissance, basée sur la combinaison de 6 brevets issus de l’électronique, la chimie moléculaire et la caractérisation des surfaces.
4. Savoir identifier et s’inspirer des bonnes idées existantes mais jusqu‘alors rejetées
Un grand nombre d’inventions n’auraient jamais vu le jour sans l’existence préalable d’un grand nombre de réflexions itératives, chacune n’ayant pas de débouché en soi, mais constituant un élément qui va devenir clé dans l’émergence d’une future découverte utile.
Exemples : dans sa conception du voyage lunaire dans les années 60, Werner Von Braun s’est largement inspiré de personnages tels que Constantin Tsiolkovski, considéré comme le père de la cosmonautique et écrivant la colonisation de l’espace par l’Homme en 1895 ; Isaac Newton de son côté, considéré comme le père du calcul infinitésimal, une des grandes avancées en mathématiques, s’est inspiré d’écrits de plusieurs mathématiciens arabes datant du IXème siècle.
5. Des intuitions fulgurantes souvent pertinentes
Les talents de l’innovation ont souvent des intuitions fulgurantes, inexplicables. Mais dans notre société très cartésienne, les intuitions ne sont pas très appréciées (il est vrai qu’elles peuvent souvent nous tromper, cf les différents biais cognitifs). Chez les talents de l’innovation, celles-ci se révèlent très souvent pertinentes. Problème : ils n’y font pas souvent confiance et n’osent pas en parler, car ils manquent d’explications rationnelles pour les justifier.
Exemple : en observant la pomme qui tombe de l’arbre, Newton a l’intuition qu’il s’agit de la même force qui régit le mouvement des planètes autour du Soleil et imagine la loi de gravitation ; beaucoup plus modestement pour ma part, en 1989, écoutant un CD de musique, je m’interrogeais sur pourquoi personne n’avait encore inventé un dispositif portatif stockant tous les CD existants, permettant d’écouter n’importe quelle musique en marchant ou en voiture : le premier baladeur numérique a vu le jour seulement 10 ans plus tard en 1998, et l’i-Pod en 2001.
Attirer et cultiver les talents de l’innovation au sein de votre organisation
Ces talents sont très atypiques, complètement « en dehors des cases », ils détonnent par leurs attitudes originales et parfois dérangeantes ; qui plus est, ayant des capacités d’adaptation très fortes, ils vont tout faire pour se « fondre dans la masse ».
Voilà pourquoi vous en avez certainement au sein de votre entreprise mais que vous ne les voyez pas. Ou plus exactement ils sont considérés en interne comme des « empêcheurs de tourner en rond », et on ne voit donc pas leur grand potentiel. Bien sûr puisqu’ils ont cette aptitude à inventer et mettre en œuvre d’autres « façons de tourner ».
Il est donc essentiel en interne de cultiver les conditions pour favoriser leur plein épanouissement, comme notamment :
- Entretenir une culture interne de recrutement de profils atypiques, différents entre eux, pour favoriser l’acceptation de la différence
- Pour ces talents de l’innovation, leur donner suffisamment de liberté, en termes de temps, de modalités de travail, de moyens pour inventer …
- Les placer sous la responsabilité d’un manager favorisant l’autonomie er la responsabilisation (ce sont en général des personnes très impliquées qui s’automotivent très facilement)
- Pratiquer un management empathique et attentionné, pour tenir compte de leur sensibilité plus importante que la moyenne.
- Leur donner suffisamment de projets à conduire (car ils s’ennuient facilement sinon) et les [re]cadrer (ils peuvent vite s’éparpiller)
Choisir un bon expert pour vous accompagner dans ce domaine
Ces talents sont aussi souvent des indépendants, car ils aiment la liberté d’expression, même s’ils recherchent beaucoup la socialisation et l’échange, du fait de leur empathie et de leur propension à s’enrichir de toute forme de connaissance différente. Voilà pourquoi vous trouverez ces talents parmi certains consultants en innovation.
Mais, pour aider efficacement votre entreprise à innover, à inventer son nouveau modèle, il faut aussi que cet expert sache la faire grandir, pour qu’elle puisse durablement se démarquer de la concurrence, et s’adapter aux incertitudes grandissantes. Il faut que cet expert sache respecter le mode de fonctionnement de votre entreprise, sa culture, et ne pas vouloir lui imposer un modèle ou une méthode toute faite. Il faut savoir la rendre progressivement autonome dans sa capacité à innover, et non pas la rendre dépendante.
Ce mode d’accompagnement porte un nom : le coaching. Et qui de mieux qu’un coach expert en innovation pour vous accompagner ?
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Cyril Barbé
