Les zones aveugles du HPI manager : des cheminements de pensée très différents

Dans la continuité de mes 3 premiers articles à ce sujet (article général d’avril dernier, article du 24 septembre 2023 sur le haut niveau d’exigence, et article du 10 janvier 2024 sur l’impatience), ce nouvel opus sur les zones aveugles du manager HPI est consacré à la difficulté à se faire comprendre des autres, du fait de cheminements de pensée très différents.

De très hautes capacités d’adaptation qui les trompent sur leur propre perception d’eux-mêmes

De la même façon qu’ils ne se sentent pas différents des autres en termes de vitesse ou de niveau d’exigence, les HPI sont convaincus qu’ils ont les mêmes modes de raisonnement que les autres. Pour quelles raisons ? Notamment parce qu’ils ont une très haute capacité d’adaptation, qu’ils utilisent très tôt pour tenter de ressembler à tout le monde, et ainsi se sentir acceptés et intégrés.

Mais malgré leur véritable caractère de caméléon, leurs différences restent visibles des autres « comme le nez au milieu du visage ». C’est le cas bien sûr de leur mode de pensée très particulier.

Une pensée ultra rapide

Je l’ai déjà abordé, les HPI sont plus rapides que la moyenne, en particulier pour leur rythme de pensée, qui dépasse donc de loin leur rythme d’élocution, même s’ils parlent vite.

A cela s’ajoute une autre caractéristique : leurs idées émergeant de façon plutôt incontrôlée et parfois fulgurante, elles disparaissent au même rythme qu’elles sont arrivées. Or pour un HPI, une idée a toujours une valeur très précieuse, tant celles-ci peuvent parfois être très pertinentes, et qu’ils ne savent pas comment elles leur sont apparues. Et donc le simple fait d’oublier une de ses idées est inacceptable, ce qui le conduit à devoir exprimer toutes ses idées au moment où elles arrivent. Comme si elles toutes ces idées étaient des pépites d’or qu’il fallait retenir de tomber dans un égout et voir disparaître à jamais.

C’est ainsi qu’un HPI peut exprimer toutes ses idées de façon complètement désordonnée, sans lien logique apparent, si ce n’est l’ordre dans lequel ces idées lui sont apparues ! Comment dès lors suivre efficacement le fil de sa conversation ?

Par ailleurs, n’ayant pas conscience de leur différence, et donc convaincus qu’ils s’adressent à des personnes qui suivent et comprennent au même rythme qu’eux, ils peuvent sauter certaines étapes de leur raisonnement, ce qui les rend encore plus difficiles à suivre.

Un mode de pensée en arborescence

Beaucoup d’ouvrages parlent de ce mode de pensée en arborescence : en réalité tout le monde possède cette aptitude naturelle à structurer ses pensées en arborescence ; mais dans le cas des HPI, cette aptitude est surdéveloppée : le nombre d’embranchements à chaque niveau de cette arborescence, et son nombre de niveaux, sont multipliés par 2, par 3, ou encore plus, par-rapport à la moyenne des êtres humains.

Un exemple qui m’a personnellement marqué : je me suis formé au début des années 2000 aux cartes heuristiques (ou mindmapping), une forme de représentation de nos idées sur le papier sous forme arborescente. En effet, pour la plupart des autres stagiaires, cette forme de représentation leur semblait révolutionnaire, tandis que pour ma part je n’avais pas l’impression de découvrir une nouveauté. Et pour cause, ce mode de représentation était le reflet de la façon spontanée – et  inconsciente – de classer mes idées dans mon esprit.

C’est à partir de là que j’ai compris qu’il n’était pas aussi naturel pour tout le monde de naviguer – par l’esprit – dans ces différents niveaux d’arborescence, sans avoir le sentiment de s’y perdre.

Voilà pourquoi les HPI sont toujours prêts à se lancer dans plusieurs projets à la fois, sans que cela ne leur pose de problème. Voilà pourquoi ils ont aussi cette aptitude à faire des liens improbables entre des idées ou des sujets très différents, générant des innovations de rupture souvent très pertinentes, mais provoquant autour d’eux au mieux la surprise, et souvent, l’incompréhension.

Qu’en est-il d’un HPI discutant avec un autre HPI ?

Un HPI ayant le même mode de fonctionnement que son interlocuteur, arrive un peu mieux à suivre la conversation, car il accepte mieux le fait que celle-ci parte dans tous les sens, et il sera capable de naviguer dans toutes les directions de cette arborescence, et revenir 1, 2, voire 3 niveaux en arrière quand il le faut pour repartir dans une autre direction. Mais même un HPI finira par être largué !

Pour ma part, ayant échangé avec des centaines de HPI dans le cadre de mes accompagnements, il m’arrive assez fréquemment de proposer à mon interlocuteur, pour éviter de me perdre en route, de revenir à son idée initiale. Tout en respectant néanmoins un minimum son irrépressible besoin de naviguer dans d’autres directions, au risque de le couper net dans son élan. S’adresser à des interlocuteurs HPI ne garantit donc en rien au manager HPI de bien se faire comprendre.

Quelles conséquences pour un manager HPI ?

En premier lieu, les collaborateurs d’un manager HPI n’oseront pas exprimer leur incompréhension, par peur d’être mal jugés par celui-ci. La première conséquence est que ses collaborateurs vont paraître, aux yeux de ce manager, comme pas assez capables de comprendre les choses.

Plus encore, le fait que ses collaborateurs révèlent leur incompréhension un peu tard sera perçue par leur manager HPI comme une incapacité à reconnaître leurs zones de faiblesse. Alors que, bien entendu il ne s’agit pas de zones de faiblesse, mais d’un écart dans les modes de fonctionnement de pensée.

A terme, le manager HPI peut être perçu par ses collaborateurs comme distant, voire arrogant, ce qui est paradoxal puisqu’il dispose d’une empathie et d’une sensibilité plutôt développée. Il peut aussi rencontrer des difficultés à convaincre et embarquer ses équipes, voire à être entendu et crédible auprès de sa propre hiérarchie.

Mon expérience personnelle de manager

Lorsque j’étais directeur du pôle entrepreneuriat à la CCI d’Ille et Vilaine, j’encadrais 2 assistantes de bon niveau. Mais celles-ci étaient pétrifiées à l’idée de me dire qu’elles ne suivaient pas toujours mon mode de pensée, ce qui me conduisait in fine à être mécontent de certaines parties de leur travail. Sentant bien cette inquiétude dans leurs yeux, je prenais pourtant toujours mille précautions pour leur expliquer ce que j’attendais d’elles.

Mais mes précautions oratoires ne rendaient pas mon discours plus clair ! Il a fallu qu’une de mes collaboratrices chef de service me dise « tu leur fais peur par ton mode d’expression complexe » pour que je prenne enfin conscience de ma zone aveugle.

Quelles solutions pour sortir de cette zone aveugle ?

La première étape pour lever ces zones aveugles réside dans la prise de conscience de cette différence. Et il est bien sûr préférable que cette prise de conscience ne se fasse pas par vos collaborateurs, comme ce fut mon cas, car vous perdez ce jour-là en crédibilité. Il est donc nécessaire de se faire aider par un expert en modes de fonctionnement HPI.

Une fois cette prise de conscience faite, l’étape d’après est l’acceptation de cette différence. Et cette acceptation est difficile, car vous avez lutté pendant tellement d’années pour tenter de ressembler aux autres, que se défaire de cette habitude est contre nature.

Il s’agit enfin de revisiter vos relations aux autres à la lumière de ce nouveau regard sur vos modes de fonctionnement, pour que votre adaptation à eux soit enfin efficace.

Qui de mieux qu’un coach, lui-même HPI, ayant lui-même vécu ce que vous vivez au quotidien, dans un cadre confidentiel et respectueux, sans risque pour votre image de manager, pour vous aider à y voir plus clair ?

Pour en savoir plus sur ce sujet, et devenir vous aussi, un manager HPI performant et reconnu, suivez mon webinaire Masterclass du mardi 30 janvier prochain à 18h00.

Plus d’informations ici.

Inscription (gratuite et obligatoire) ici.

Cyril Barbé

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