La procrastination est cette tendance à sans cesse reporter à plus tard, ce que nous devons faire maintenant, ou à attendre le dernier moment. C’est un phénomène qui touche une grande part des HPI. Derrière un terme unique, se cachent en réalité une multitude de causes indépendantes, qui peuvent se combiner entre elles.
Dans mon précédent article à ce sujet, j’abordais en détail les 4 premières causes, et des clés spécifiques à chacune d’entre elles. Découvrez dans cet article les 4 causes suivantes et leurs clés associées, et ainsi comment sortir durablement de la procrastination et réussir tous vos projets.
Pour mémoire, 8 différentes causes de la procrastination (non exhaustives) que j’évoquais dans mon précédent article :
- La difficulté à rester suffisamment concentré, le fait d’être facilement distrait
- Le [trop] haut niveau d’exigence
- La peur de l’inconnu ou la peur de l’échec
- La faible estime de soi
- Le manque de motivation, le besoin d’avoir un minimum de pression
- Le besoin d’aller vite
- La recherche de la satisfaction immédiate
- Le besoin de se ressourcer
Voyons cette fois-ci les 4 dernières causes, d’où viennent-elles, et comment les contrer (voire les accepter).
Cause n°5 : le manque de motivation, le besoin d’avoir un minimum de pression
Les HPI sont des personnes qui s’auto-motivent en général très facilement. Mais cette motivation peut être aussi facilement anéantie qu’elle est apparue : comme pour de nombreux sujets, ils passent rapidement d’une extrême à une autre, sans trop savoir pourquoi.
Une des raisons de cette démotivation dans une tâche donnée est qu’ils pressentent qu’ils sont capables de l’accomplir en peu de temps (ils vont vite en tout). Et donc anticiper le lancement de cette tâche peut être perçue par eux comme inutile, voire une perte de temps : ils pourraient tellement faire plein d’autres choses intéressantes en attendant ! Ils ont donc souvent besoin d’attendre le dernier moment pour se lancer (sauf dans le cas d’un projet de longue haleine).
Les clés pour s’en sortir ?
Apprendre à jauger de vos réelles aptitudes à faire vite pour chaque tâche (parfois votre jugement est erroné, du faut de votre goût du défi). Mais aussi : accepter de démarrer au dernier moment si vous réussissez bien ainsi (cela fait partie de vos modes de fonctionnement naturels et authentiques) !
Cause n°6 : le besoin d’aller vite
Les HPI vont vite en tout, comprendre, apprendre, et aussi parfois décider, agir. Mais une grande part des projets que vous souhaitez mener à bien nécessite du temps, de la patience, et de la persévérance.
Les clés pour s’en sortir ?
Découper votre projet en étapes intermédiaires (c’est un peu contre nature, donc faites-vous aider si besoin), accepter de vous fixer des marches qui vous semblent faciles, apprendre à reconnaître et célébrer vos petites victoires, déléguer ce qui vous semble le plus fastidieux ou éloigné de vos envies. Prendre conscience du plaisir que vous pouvez avoir – aussi – dans la conduite et l’aboutissement de projets de longue haleine.
Cause n°7 : la recherche de la satisfaction immédiate
Vous connaissez sans doute le « test du marshmallow », cette étude sur l’aptitude des personnes à supporter la « gratification différée », conduite en 1972 par le psychologue Walter Mischel de l’université Stanford. Dans cette étude, une guimauve est offerte à chaque enfant, et si celui-ci résiste à l’envie de manger la guimauve avant le retour de l’observateur, il obtient le droit d’en manger deux en guise de récompense (voir à ce sujet cette vidéo très parlante). Cette étude tend à montrer que la durée de résistance de ces enfants à la tentation est corrélée à de plus grandes chances de réussir plus tard dans la vie.
Or beaucoup de nos projets ou tâches nécessitent une grande patience, et une capacité à accepter que l’on n’atteigne pas le résultat final rapidement. Mais comme déjà vu, la patience n’est pas la qualité première des HPI. Ils ressentent donc souvent la frustration, de ne pas réussir ou atteindre leur objectif suffisamment vite. Et cette frustration les amène à se détourner facilement de leur projet prioritaire, au profit de tâches ou activités qui leur fourniront, à coup sûr, une satisfaction plus rapide, voire vers des conduites addictives.
Les clés pour s’en sortir ?
Développer sa résistance à la gratification différée, ou au plaisir immédiat, est un sujet à part entière, qui justifie un ouvrage entier. Mais on peut au moins dire que la clé réside dans un entraînement régulier, tout comme un marathonien le ferait pour développer son endurance à l’effort. Et pour celles et ceux que cela intéresse, la partie du cerveau nommée l’hippocampe jouerait un rôle fondamental dans ce mécanisme.
Mais aussi : accepter de temps en temps de se récompenser, vous en avez sans doute besoin (notamment du fait de votre sentiment récurrent de décalage avec les autres) !
Cause n°8 : le besoin de se ressourcer
Vous ressentez souvent le besoin de vous arrêter dans vos tâches, de couper avec d’autres choses très différentes, qui n’ont rien à voir avec le sujet ? De souffler un coup avant de repartir de plus belle ? Et peut-être au passage vous vous auto-jugez dans cette façon un peu originale que vous avez de mener plusieurs choses de front, contrairement à tous les standards et conseils de la plupart des experts en organisation ?
Et c’est ce qui cause votre sentiment de procrastiner, de reporter toujours à plus tard, la fin de votre travail. Eh bien ce n’est qu’une question de perception !
Les clés pour s’en sortir ?
Prendre conscience que vos formidables aptitudes à sans cesse créer, innover, imaginer, rêver, explorer de nouveaux horizons, et aller vite en tout, vous prennent une grande énergie, et que vous avez besoin régulièrement de la reconstituer. Et découvrir quelles sont vos principales tactiques personnelles pour vous ressourcer, reconstituer cette énergie vitale.
Là encore, beaucoup de ces exercices ne peuvent pas se faire seul, car ils supposeraient une forme de schizophrénie, et le risque serait de vous auto-saboter par jugement. Or, se faire accompagner n’est pas spontané chez les HPI, car ils savent tellement faire de choses vite et bien par eux-mêmes, ils pensent ne pas mériter une aide extérieure, et ne savent pas comment choisir un accompagnant qui les comprenne et à leur hauteur. C’est pourtant indispensable.
Managers HPI et procrastination
Comme déjà évoqué dans mon article de la semaine dernière, la procrastination touche la plupart des HPI à un moment de leur vie. En particulier les managers HPI, par exemple pour toutes ces tâches contraignantes qui ne les motivent pas, ou encore pour oser demander des choses difficiles, que ce soit à leurs collaborateurs, à des collatéraux, ou encore et surtout à leur hiérarchie, et d’une façon plus générale quand il s’agit d’exprimer ses besoins.
Sortir de la procrastination repose d’abord sur la prise de conscience et l’acceptation. Et ensuite sur la prise de conscience que, contrairement à tous les autres problèmes complexes qu’il rencontre, un HPI ne peut progresser seul dans ce domaine, car ses perceptions de la réalité sont faussées. Se faire accompagner n’est jamais simple, car ils n’ont pas l’habitude et ne sont pas à l’aise pour demander de l’aide. C’est pourtant indispensable pour gagner des années de travail sur soi-même.
Cyril Barbé