HPI, multi-potentiels : réussir à déployer vos ailes quand on est différent, l’exemple inspirant de Lucien Servanty.

Pour tous les passionnés d’aéronautique, mais aussi pour le grand public, le nom de Concorde résonne de façon très spéciale. Au-delà d’évoquer la paix et la bonne entente, ou encore une célèbre place parisienne, il est surtout le nom d’un avion de légende, ultra avant-gardiste, combinant tous les superlatifs.

Lucien Servanty était considéré comme le père du Concorde, ayant lui-même dessiné la cellule et la forme très originale et complexe des ailes, l’une des clés du vol supersonique. Il était aussi une personnalité hors normes, sensible, perçu par certains comme original et incompréhensible.

Mais c’est aussi le principal artisan de la réussite (*) de cet ambitieux et ultra-complexe projet franco-britannique. Comment les HPI peuvent s’inspirer de l’exemple de cet homme pour apprendre, eux-aussi, à déployer leurs ailes, ou leurs pleins potentiels, même dans une société où ils se sentent incompris ou rejetés ? Tel est l’ambition de cet article.

(*) Je ne parle pas de la réussite commerciale, mais bien de l’aboutissement du projet dans les délais, et de l’atteinte de tous ses [très ambitieux] objectifs de performance.

Directeur de projet d’un avion de légende

Concorde est un avion de légende à bien des égards. Il fut le premier avion supersonique civil, et ce dès 1976. Près de 50 ans après, le seul remplaçant annoncé au Concorde, de Boom Aerospace, est annoncé à une vitesse de croisière de Mach 1.7 (pour Mach 2.0 pour Concorde) et son démonstrateur n’a toujours pas réalisé de vol d’essai !

Concorde transportait 100 passagers de Paris (ou Londres) à New-York en 3h30 contre 8h00 pour les autres appareils, à une altitude de 18 000 mètres, deux fois plus haut que les avions classiques. Sa vitesse faisait élever sa température externe au point que sa cellule grandissait de 20 cm durant le vol, pour reprendre ses dimensions initiales à l’atterrissage.

Il a été le premier avion civil à disposer de commandes de vol électriques, et d’un pilote automatique de gestion de puissance (auto-manette), qui depuis ont été les grandes innovations pour tous les avions civils, à commencer par ceux d’Airbus. C’est également un des premiers avions au monde à bénéficier d’un simulateur de vol pour l’entrainement des équipages.

Il a aussi été le premier avion civil équipé d’un système antipatinage, ancêtre des ABS présents sur tous les avions, et désormais tous les véhicules. Côté moyens de production, c’est aussi un des premiers programmes aéronautiques à utiliser des ordinateurs pour le calcul et la simulation dans sa conception, ordinateur connecté à des machines-outils à commande numérique pour l’industrialisation.

On ne peut terminer cet inventaire sans citer la célèbre aile du Concorde en delta avec double ogive gothique, forme destinée à optimiser la performance de vol aussi bien en vol supersonique en croisière, qu’en vol subsonique et en vitesse réduite en approche. Ce dessin très original et très performant est l’un des chefs d’œuvre de Servanty.

La personnalité de Lucien Servanty

Passionné d’aéronautique dès son plus jeune âge, il a fait ses études d’ingénieur au Conservatoire National des Arts et Métiers, où il se distingue notamment par ses thèses inédites en matière d’aérodynamisme. Après 25 ans chez Bréguet, où il contribue à la conception d’avions de chasse, dont le SO.6000 Triton, premier avion à réaction français, il intègre Sud Aviation en 1959, où il est nommé à la direction technique du bureau d’études. 2 ans plus tard en 1961, il se retrouve à la tête du prestigieux programme Concorde.

Bien que réservé et secret, Lucien Servanty était un homme de fort caractère, une qualité essentielle pour manager les centaines d’ingénieurs et scientifiques du programme, tout cela dans un contexte binational franco-britannique, avec les différences culturelles que l’on connait.

C’était aussi un homme très exigeant, pour les autres comme pour lui-même, mais sachant pardonner les erreurs de ses collaborateurs, étant très attaché à les faire progresser. Perfectionniste, il était un éternel insatisfait, ce qui en faisait un manager autant redouté que vénéré.

C’était aussi un homme sensible, délicat, modeste, maniant l’humour. Il était aussi un éternel inquiet, portant notamment sur lui le poids des énormes responsabilités des vols d’essai sur ses épaules dès 1969.

Enfin, c’était un homme ultra-innovant, aussi bien dans son approche technique et technologique, que dans son mode de management, dont les résultats exemplaires dans un tel projet aussi complexe et multi-culturel furent salués par tous.

Le parallèle avec les modes de fonctionnement HPI

Comme je l’évoque souvent dans mes articles, les HPI ont aussi ces modes de fonctionnement spécifiques, ou particulièrement marqués, et notamment :

  • La créativité et l’aptitude à innover, dans tous les domaines
  • Un caractère affirmé (même si beaucoup sont aussi dans la sur-adaptation aux autres)
  • Un très haut niveau d’exigence, voire un perfectionnisme
  • L’humilité, la modestie, qui confine au sentiment d’imposture
  • La tendance à se sentir responsable de tout, et à être facilement inquiet et stressé
  • La grande sensibilité
  • Un management encourageant l’expression des potentiels de chacun
  • Un humour décalé voire grinçant

En quoi l’exemple de Servanty peut être inspirant pour les HPI aujourd’hui ?

Certes, le contexte sociétal d’aujourd’hui n’est plus le même que celui de Servanty : l’époque du Concorde est celle des 30 glorieuses, où tout était possible et les contraintes pas les mêmes.  En particulier, le contexte pionnier de l’aviation favorisait l’émergence et l’expression de profils originaux, atypiques.

On peut aussi arguer que Servanty a eu la chance de tomber au bon endroit au bon moment. Mais aujourd’hui, jamais la complexité n’a été aussi présente et importante dans notre société, et jamais les enjeux aussi difficiles, que ce soit au plan économique, écologique, géopolitique, ou humain. Les opportunités pour les HPI d’exprimer leurs talents si particuliers sont donc plus nombreuses que jamais.

Comment les faire valoir ?

  • En en prenant conscience : comme je l’explique dans cet autre article, les HPI sont souvent dans la sur-adaptation aux autres, voire font un déni de différence, et ne peuvent donc pas exprimer des talents qu’ils considèrent comme des défauts à gommer
  • En apprenant à assumer pleinement ces différences, ces talents, comme Servanty le fit dans son mode managérial décalé à son époque : or c’est très difficile car, depuis leur enfance, les HPI qui vivent l’incompréhension et le rejet, d’où l’importance de se faire accompagner pour surmonter ces puissants freins psychologiques
  • En apprenant à identifier les emplois et environnements professionnels qui leur conviennent : des projets / mission suffisamment ambitieux et complexes, un management (ou des associés) bienveillant, ouvert à la différence, et qui favorise l’autonomie et la responsabilisation
  • Au passage, leur apprendre à identifier et se protéger de manipulateurs ou personnes toxiques, dont ils sont souvent la proie
  • En osant exprimer leurs intuitions originales, comme le fit Servanty avec son dessin d’aile en double ogive : là aussi c’est loin d’être simple, car leurs intuitions sont inexplicables de façon rationnelles, et difficilement compréhensibles, et savoir convaincre nécessite d’avoir effectué un travail sur son estime de soi, souvent très déficiente chez les HPI
  • En travaillant sur leurs émotions souvent débordantes, qui peuvent leur faire prendre des décisions ou réagir de façon inappropriée, les décrédibiliser aux yeux d’une hiérarchie ou de clients, et dégrader encore leur estime d’eux-mêmes.

Pour aller plus loin

Vous aspirez à tous ces objectifs ?

  • Mieux comprendre les modes de fonctionnement des HPI / multi-potentiels,
  • Savoir comment exploiter vos pleins potentiels, et les valoriser,
  • Surmonter la procrastination, réussir à vous engager durablement dans l’action,
  • Echanger entre pairs avec des personnes qui vous ressemblent et vous comprennent,
  • Et in fine, atteindre vos objectifs et vos ambitions

Participez à ma formation Masterclass HPI (la prochaine session de Paris démarre le 26 mars 2025) :

Vous pouvez aussi participer à mon prochain webinaire gratuit sur le thème « HPI : quel projet professionnel pour vous épanouir pleinement ? » du mardi 18 mars 2025 à 18h30.

Et pour ne rien perdre de mon actualité c’est ici.

Cyril Barbé

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