Révéler vos pleins potentiels

Révéler les potentiels de chacun, semble être une évidente priorité, non ? C’est peut-être même un objectif dépassé, tant il y a de coaches et de consultants à vous proposer de vous accompagner dans cet objectif. Des dirigeants d’entreprise me disaient même récemment qu’ils ne comprenaient pas pour quelle raison il y a eu cette émergence de conseils dans ce domaine ces dernières années.

Une réalité moins rose

Le capital humain est notre priorité, annoncent fièrement les entreprises. Pourtant, la plupart des études le montrent, il y a une démotivation croissante des salariés (cf par exemple cette étude de Malakoff Médéric en 2017 reprise dans un article du Monde). Dans cet article, Philippe Rodet, médecin urgentiste, dirigeant de Bien-Etre & Entreprise, spécialiste du stress au travail, préconise pour endiguer ce désengagement, de « donner du sens au travail, fixer des objectifs au bon niveau, exprimer de la gratitude, savoir encourager, laisser place à la créativité, à l’autonomie, à l’optimisme », entre autres.

Par ailleurs, le stress, qui a considérablement augmenté en 10 ans en contexte professionnel (61% des salariés se déclaraient stressés en 2015 contre 38% en 2005 – Baromètre CEGOS) est aussi un facteur identifié comme empêchant le fonctionnement optimal des êtres humains. En particulier il provoque ce que les neuro-scientifiques appellent le passage du mode « adaptatif » – celui qui utilise le cortex préfrontal, le seul capable de résoudre les problèmes complexes – au mode « automatique » – celui géré par le cerveau limbique qui est le siège des émotions, nous empêchant ainsi d’avoir une vue rationnelle des situations que nous vivons.

De plus, le stress provoque la sécrétion de cortisol, qui à doses répétées et importantes, a de nombreux effets délétères : cela favorise l’hyperglycémie, qui a des effets néfastes sur la santé cellulaire, inhibe le système immunitaire, favorise la formation de caillots dans les veines, et donc augmente le risque de crises cardiaques ou AVC, élève les taux de cholestérol, et favorise l’hypertension artérielle, rien que cela.

Des exigences de plus en plus fortes

Les entreprises font face à une concurrence toujours plus forte, qui les contraint à une performance toujours plus importante. Elles doivent sans cesse innover, et de plus en plus vite, concevoir plus vite, produire plus vite, livrer le produit ou la prestation plus vite, et tout cela avec une qualité toujours meilleure et un coût plus bas. Cette surenchère continue n’est pas prête de s’arrêter, ou même de ralentir.

Cette débauche d’énergie et d’intelligence ne permet aux entreprises que de se maintenir vivantes, mais pas de progresser, à moins d’être sur un marché captif ou protégé par des barrières à l’entrée.

Dans le monde des institutions,  les choses ne sont pas plus faciles : l’état doit faire des économies pour faire face à sa dette croissante, et a adopté les méthodes d’optimisation du privé depuis déjà pas mal d’années.

La complexification des objectifs, des projets, des enjeux, auxquels nous sommes tous confrontés aujourd’hui, nous conduit également à être plus collectifs. Or nous avons été principalement formés à être compétitifs de façon individuelle : réussir dans la vie passe par la réussite à l’école, qui elle-même suppose en effet d’être meilleur que ses camarades de classe, pas d’apprendre à travailler avec eux, même si les choses changent lentement.

Une émergence des compétences comportementales

Dans un monde toujours plus volatile, complexe, en accélération, avec une majorité de métiers intellectuels, qui plus est concurrencé par l’Intelligence Artificielle, les compétences techniques des humains ne sont plus  celles que les employeurs mettent en avant lors d’un recrutement. L’évolution technique et technologique est si rapide que désormais il est presque impossible de se maintenir expert dans son domaine plus de 10 ans. Les savoir-être sont donc devenus plus importants que les savoir et savoir-faire.

Il s’agit donc de bien se connaître, de développer son empathie pour comprendre les autres et apprendre à bien fonctionner avec eux, de façon durable. Il faut développer ses capacités d’écoute active pour capter toutes les informations, tous les signaux faibles, être en mesure de répondre de façon pertinente aux attentes. Il faut avoir « la tête bien faite » pour savoir apprendre vite et bien de nouvelles techniques, de nouvelles façons de faire. Il faut avoir confiance en soi et être positif, être persévérant et résilient pour savoir surmonter des obstacles de plus en plus nombreux et difficiles.

Mieux prendre en compte les spécificités de chacun

A toutes ces raisons expliquant pourquoi la révélation de notre plein potentiel devient une impérieuse nécessité, s’en ajoute une autre. De nombreux collaborateurs estiment qu’ils ne se sentent pas totalement épanouis dans leurs missions. Pour quelle raison ? Parce que dans un but de performance nous avons défini leur fiche de poste, mis en place des entretiens annuels pour bien nous assurer que ces collaborateurs disposent des compétences requises, et qu’ils atteignent les objectifs qu’on leur a fixés. Mais s’assure-t-on au passage que les missions et les objectifs qu’on leur a assignés sont cohérents avec leur personnalité, leurs spécificités, ce qui fait leurs forces ?

Nous avons tous des capacités particulières : certains auront l’empathie, d’autres l’écoute active, l’ouverture d’esprit, le courage, l’humour, la créativité, l’intelligence sociale, la gratitude, ou encore la capacité d’adaptation. Ces capacités préexistantes de l’Homme, les chercheurs les nomment des Forces. Nous n’avons pas besoin de regarder voire envier celles du voisin, nous sommes tous différents.

Connaître nos Forces, c’est permettre notre épanouissement, l’expression de notre plein potentiel, sans risque de se sentir en concurrence avec les autres. Identifier et connaître les Forces des autres, c’est permettre de les voir sous un jour plus positif, et ainsi développer au sein de son équipe un esprit de solidarité et favoriser l’intelligence collective.

Une offre métier toujours plus large, mais plus difficile à « comprendre »

J’ajoute que les métiers qui nous sont proposés aujourd’hui sont tellement variés, évolutifs, et de plus difficile à comprendre pour un jeune qui débute dans la vie active, qu’il est de plus en plus difficile de trouver sa voie, y compris quand on a déjà de l’expérience professionnelle. Nos grands-parents en effet voyaient concrètement ce que faisaient leurs aînés : faire les foins, fabriquer du pain, monter des murs, vendre ses légumes au marché … Ceci contribue sans doute au fait qu’autant de personnes sont en questionnement sur leur travail à mi-carrière.

Les jeunes générations se posent même cette question dès le départ : pourquoi devrais-je travailler ? De plus en plus alternent travail classique et année sabbatique, pour voyager, s’engager dans une action humanitaire ou écologique, ou encore partir à la découverte de soi. Encore une façon de découvrir ses Forces au passage.

De fausses croyances sur l’intelligence et le potentiel des êtres humains

Le système scolaire, encore lui, nous a conduit à évaluer les personnes sur la base des seuls modèles logico-mathématique et linguistique. On le sait il existe de nombreuses autres formes d’intelligences.

Mais plus encore, Carol Dweck, une psychologue américaine, a montré depuis 2006 que la capacité au progrès cognitif n’est pas liée à l’intelligence en elle-même, mais plus à la conception personnelle qu’on se fait de cette intelligence. Elle a montré qu’il faut savoir développer ce qu’elle appelle un état d’esprit flexible, ou de croissance (« growth mindset »), qui consiste à croire que l’intelligence et les talents peuvent toujours être développés, quel que soit son niveau de départ, que cela passe par les efforts. A l’inverse, un état d’esprit fixe pense que l’intelligence est donnée au départ et qu’elle ne peut évoluer quels que soient les efforts fournis.

Là encore, sans stigmatiser personne, l’école tend à ignorer cette recherche. Pourtant les neurosciences, une fois de plus, ont montré à quel point la plasticité cérébrale est incroyable (voir par exemple cet article), et comment presque tout le monde peut apprendre à progresser dans tout domaine, et à tout âge.

Révéler nos pleins potentiels n’est donc pas une lubie de certains consultants « new-age », c’est devenu une priorité pour nos organisations si elles veulent à la fois recruter et fidéliser les personnes les plus adaptées à leur contexte, mais aussi si elles veulent bénéficier de ces pleins potentiels.

Comment révéler nos pleins potentiels ?

Tout simplement en apprenant et en découvrant comment fonctionne, vraiment, les êtres humains ! En apprenant les mécanismes de la motivation, de la confiance en soi, de la gestion des émotions, de la résilience. En apprenant ce qu’est la plasticité cérébrale et ce qu’elle permet, en découvrant comment on peut développer un état d’esprit plus flexible. En apprenant à être plus optimiste et plus positif, car on sait là aussi que c’est meilleur pour la performance globale et pour la santé.

Car en effet, toutes ces compétences s’apprennent, comme toute compétence académique ou technique.

Expliquer les choses à nos collaborateurs peut nous sembler trop compliqué, ou trop long, surtout si on s’est fait des idées sur leurs capacités à comprendre, ou sur les nôtres. Pourtant force est de constater que même les plus jeunes enfants sont non seulement capables, mais aussi avides de comprendre et d’apprendre. Il n’y a qu’à voir le succès rencontré par les émissions « C’est pas sorcier ». Ce n’est que quand on perçoit les choses comme compliquées qu’elles sont difficiles à expliquer. Il ne tient qu’à nous-mêmes de rendre simples les concepts complexes, et non le contraire …

Développer son plein potentiel, et celui des autres

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