Les HPI / multi-potentiels sont très souvent dans le déni de cette atypicité. Une majorité des HPI qui me contactent (plus d’un millier à ce jour) me disent « je ne crois pas être HPI ». Ce déni les empêche de prendre pleinement conscience de leur différence, et surtout de leurs modes de fonctionnement spécifiques, si différents de la moyenne.
Parallèlement, leur vitesse, leur vision à long terme, leur compréhension et capacité à gérer la complexité, leurs intuitions pertinentes, leur aptitude à anticiper, à capter les signaux faibles, à apprendre et progresser en permanence, font qu’ils réussissent souvent très bien dans leur première moitié de carrière.
Alors que se passe-t-il pour que soudain, la machine ne déraille, et que leur aptitude à se remettre en question et à progresser ne fonctionne plus ? Pourquoi sont-ils dans le déni de différence ? En quoi ce déni est à l’origine de leurs difficultés en cours de carrière ? Et pourquoi n’y trouvent-ils pas de solution ? Comment sortir de ce déni et retrouver le chemin du succès ? Découvrez-le dans cet article.
HPI : 3 petites lettres et 2 énormes quiproquos
Tout part d’un énorme quiproquo : la signification de ces 3 lettres « HPI » pour Haut-Potentiel Intellectuel. Il y a quiproquo sur ce mot pour deux raisons :
- Le HPI se mesure par un test de QI (le WAIS IV, seul test officiellement reconnu), et donc laisse à supposer qu’un enfant HPI réussira forcément à l’école, et ensuite qu’un adulte HPI réussira forcément sa carrière, d’autant plus s’il a obtenu de hauts diplômes. La réalité est bien différente.
- Le HPI mesure des aptitudes à résoudre certains problèmes complexes, dans deux domaines principaux : logico-mathématique et linguistique (même si c’est un peu plus complexe – cf alinea en fin d’article), mais qui ne donne aucune indication sur les modes de fonctionnement si spécifiques de ces personnes.
Modes de fonctionnement spécifiques : de quoi parle-t-on ?
- Une grande vitesse de réflexion, qui souvent rend leur communication avec autrui difficile, voire très problématique, et qui le rend souvent impatients
- Cette haute vitesse les conduit aussi à une tendance à la surinterprétation ou l’interprétation hâtive des événements, et donc des difficultés relationnelles
- Un très haut niveau d’exigence, très différent de la moyenne des personnes, qui leur fait se sentir en permanence incompris, jamais à la hauteur de leurs attentes, alors même qu’ils peuvent être sur-efficients dans plein de domaines, et qui les conduit souvent à la procrastination
- Un grand éclectisme, un intérêt pour mille sujets, qui a plusieurs conséquences : difficultés à se concentrer sur un projet, sur une tâche, difficultés à faire des choix, tendance à la dispersion, difficultés à être reconnu comme un expert dans un domaine, une créativité débordante, mais aussi incomprise et difficilement acceptée
- Une grande appétence et aptitude à apprendre, qui les conduit aussi à s’ennuyer facilement quand ils ne sont pas suffisamment sollicités sur ce plan
- Un attrait particulier pour les défis, les challenges, la difficulté, et la complexité, qui les conduisent à se mettre dans des situations difficiles et d’échecs à répétition
- Un sentiment d’imposture et un manque de légitimité omniprésent, qui conduit à un manque d’estime de soi
- Une aptitude à l’anticipation, à la prospective, à la vision à long terme, mais dont les prédictions – souvent pertinentes – sont soit incomprises, soit prises comme une tendance au négativisme
- Une grande sensibilité à certaines valeurs, comme la justice
- Et assez fréquemment une grande sensibilité, qui leur fait vivre tout plus fort, rend leur gestion des émotions très difficile, et les conduit à avoir un fort besoin de connexion aux autres (ce qui est très difficile par ailleurs !)
Vous vous reconnaissez dans la plupart de ces caractéristiques ? Alors vous êtes sans doute au bon endroit en lisant cet article !
Pour quelles raisons les HPI / multi-potentiels sont dans le déni ?
Parmi les modes de fonctionnement spécifiques des HPI, il en est 3 qui ont un impact très insidieux :
- Leur besoin d’être connecté aux autres, d’être accepté, intégré
- Leur aptitude à se remettre en cause et s’adapter en permanence, qui les conduit à une forme de sur-adaptation aux autres, et leur fait penser qu’ils sont comme les autres
- Leur sentiment d’imposture les conduit à une forte humilité, et à ne pas accepter l’idée d’être supérieur aux autres en quoi que ce soit.
Ces 3 points combinés font que les HPI sont convaincus qu’ils ne sont en rien différents des autres, et les conduisent à une énorme erreur de diagnostic de leur propre situation.
HPI ne signifie en rien être supérieur aux autres
Or que les choses soient dites et écrites ici : HPI ne signifie en aucun cas être plus intelligent.
Je considère que l’intelligence est un concept bien plus vaste et complexe que les 4 indices utilisés dans le WAIS IV (cf alinea en fin d’article). En réalité, les neuropsychologues eux-mêmes le reconnaissent : il existe d’autres formes d’intelligence (cf les travaux de Howard Gardner sur les intelligences multiples), mais difficilement mesurables de façon objective, et voilà pourquoi ces autres dimensions ne sont pas intégrées au WAIS.
De plus, ce n’est pas parce que certains humains ont des aptitudes supérieures dans certains domaines, qu’ils le sont dans tous les domaines. Par exemple, je fais le constat chaque jour avec mes nombreux contacts que les HPI ont, en moyenne, une aptitude à la relation sociale moins développée que les non HPI.
En quoi ce déni les conduit à des difficultés en cours de carrière ?
Comme je vous ai dit en introduction, leur formidables atouts, combinés à leur grande capacité d’adaptation, font qu’ils vont réussir à s’adapter pendant quelques années, et qu’ils vont être reconnus pour cela.
Que se passe-t-il après quelques années ?
- Ils ressentent une grande usure, voire fatigue, à se sur-adapter, à ne pas être pleinement eux-mêmes, et ils commencent à lâcher prise : certains vont plus exprimer leur impatience, d’autres leur exigence, d’autres enfin leur sensibilité à l’injustice, etc …
- Après une première partie de carrière avec de fréquents changements de poste pour apprendre et progresser rapidement, on les incite à se positionner sur une expertise ou filière, et les changements sont moins fréquents : or choisir un camp et vivre une forme de stabilité sont deux aspects très difficiles pour un HPI, et cela cristallise leurs difficultés
- Et leur tendance à aller vers plus de défi et de complexité renforce encore le phénomène.
Et comme ils n’ont pas le bon diagnostic, ils ne peuvent pas utiliser, pour une fois, leur grande capacité d’apprentissage et de progression pour sortir de là : et cette forme d’impuissance, qu’ils n’ont jamais eu à connaître jusque-là, se surajoute et génère beaucoup d’émotions négatives, et perturbe leur raisonnement rationnel.
Comment sortir de ce cercle vicieux et retrouver le succès ?
Le processus est simple, c’est la mise en œuvre qui est difficile, il comprend 4 étapes :
- Apprenez à prendre conscience de votre différence, de votre atypicité
- Acceptez et assumez pleinement cette différence, au lieu de la masquer
- Ainsi, vous pourrez traiter efficacement les aspects négatifs de vos modes de fonctionnement spécifiques
- Et vous pourrez surtout vous appuyer pleinement sur vos forces
Tout cela doit être également accompagné d’un travail sur l’estime de soi et la gestion des émotions.
Pour quelles raisons la mise en œuvre est difficile ?
Parce que vous avez l’habitude depuis très jeunes, de tout mieux faire que les autres par vous-mêmes, et vous constatez que les autres ne vous apportent pas des conseils pertinents. Sauf que votre constat est entaché d’une zone aveugle : si vous saviez que vous étiez HPI, alors vous sauriez que les personnes très différentes de vous (dans leurs modes de fonctionnement, soit 95% de la population) ne peuvent vous conseiller de façon pertinente.
Conclusion : si vous faites appel à un coach, sollicitez un coach HPI lui-même.
Pour aller plus loin
Vous aspirez à tous ces objectifs ?
- Mieux comprendre les modes de fonctionnement des HPI / multi-potentiels,
- Savoir comment exploiter vos pleins potentiels, et les valoriser,
- Surmonter la procrastination, réussir à vous engager durablement dans l’action,
- Echanger entre pairs avec des personnes qui vous ressemblent et vous comprennent,
- Et in fine, atteindre vos objectifs et vos ambitions
Participez à ma formation Masterclass HPI (la prochaine session de Paris démarre mercredi 26 mars 2025) :
Vous pouvez aussi participer à mon prochain webinaire gratuit sur le thème « HPI : quel projet professionnel pour vous épanouir pleinement ? » du mardi 18 mars 2025 à 18h30.
Et pour ne rien perdre de mon actualité c’est ici.
Cyril Barbé
Alinea : le test WAIS IV comprend 4 indices distincts :
- Un indice de compréhension verbal, qui mesure la capacité d’un individu à comprendre les stimulis verbaux, à raisonner et communiquer ses pensées à l’aide de mots.
- Un indice de raisonnement perceptif, qui mesure principalement la composante de représentation visuo-spatiale de l’intelligence
- Un indice de mémoire de travail : qui mesure l’attention, la concentration et la capacité à retenir une information temporairement à l’esprit et à la manipuler mentalement
- Un indice de vitesse de traitement, qui mesure la rapidité des processus mentaux, en utilisant des stimulis visuels et demandant une compétence graphomotrice