A distance …

A distance, c’est le nouveau terme à la mode ces dernières semaines. Travailler à distance, gestion de projet à distance, formation à distance (ou distancielle), manager à distance, prendre le contrôle de l’écran ou partager son propre écran à distance, garder le lien avec ses collègues à distance, garder le lien avec ses proches à distance, et bien sûr … rester à distance réglementaire pour notre santé à tous.

C’est une contrainte nouvelle qui nous bouscule et peut avoir des conséquences délétères à terme, mais j’y vois néanmoins plein d’aspects positifs :

  • D’abord cette profusion soudaine d’offres de formations à distance est une opportunité pour chacun d’entre nous, et la contrainte nous conduit à surmonter nos craintes et nos freins naturels dans ce type de mode d’apprentissage.
  • Nous progressons de façon fulgurante dans tous ces outils de visio-conférence : Teams, Zoom, Hangouts, et autre Discord …, et découvrons finalement que beaucoup de tâches collectives peuvent être menées sans être physiquement dans la même salle.
  • Ceci a pour conséquence une soudaine appétence pour le télétravail, avec des impacts significatifs à terme sur le temps et la fatigue gagnés dans les transports, et sur la baisse de la pollution.
  • Nous prenons – enfin ? – le temps d’appeler régulièrement nos contacts, nos proches, pour prendre des nouvelles et les écouter pleinement.
  • Plus encore, cette distance physique nous aide à prendre une distance morale et psychique avec les événements, les personnes, et la vie en général. Cette prise de recul forcée est assez salutaire en ce qui me concerne, pour réfléchir plus sereinement, plus objectivement, une fois le pic des émotions passé.

A l’inverse bien sûr il s’agit d’être vigilant aux inconvénients de cette situation.

Je pense en priorité aux managers dont l’éloignement physique les coupe d’une part importante d’informations relatives à leurs collaborateurs, que les échanges vocaux ou mêmes vidéos ne peuvent apporter. Or manager est déjà un art difficile en temps normal, qui plus est dans notre monde changeant, incertain et complexe. Leur rôle est donc plus difficile, et l’accompagnement par leur propres managers se fait lui aussi … à distance.

Je pense ensuite à tous les salariés qui travaillent à domicile, qui en général ne disposent pas d’un environnement propice au travail : pas de bureau dédié, les enfants présents à la maison, et surtout le manque de repère face au « blurring », cette disparition des barrières entre vie professionnelle et vie personnelle. Là aussi tous ces salariés ont besoin d’être aidés, accompagnés, conseillés, pour faire face à cet enjeu.

A ce sujet les étudiants font face à des difficultés comparables, de réussir à se motiver durablement quand il n’y a plus de rencontre physique, presque plus d’obligation à se lever le matin, qu’il est beaucoup plus difficile de s’entraider, techniquement ou moralement, et que le cerveau s’embrume vite face à la complexité de leurs sujets et juste une petite heure quotidienne maximum d’exercice physique.

Que dire des dirigeants ? Leur vie qui était jusque là faite de mouvement perpétuel, tant mental que physique, de relations avec les autres (en particulier les clients), d’échange, de réseautage, se sont vus soudain couper la plupart de leurs possibilités. L’incertitude quant à la pérennisation de leur chiffre d’affaires ajoute au stress, déjà élevé en temps normal. Ceux-ci sont aussi habitués à faire face, quoi qu’il advienne, mais dans ce contexte particulier, le coup de collier supplémentaire risque de leur faire dépasser leurs limites physiques et psychiques.

Comment faire face à ces enjeux ?

Plus que jamais nous avons tous, quelle que soit notre situation, besoin d’aide et de soutien. Ce qui est déjà utile en temps normal – l’esprit d’équipe et de solidarité – est aujourd’hui vital.

Échanger avec ses pairs, pour découvrir et comprendre comment chacun se débrouille, fait face aux difficultés, arrive à se ressourcer malgré un rythme inhabituel. Il s’agit donc d’identifier ses réseaux les plus pertinents, et pas seulement celui de ses collègues. Il s’agit aussi d’adapter les canaux de communication : remplacer les rendez-vous physiques qui ne sont plus possibles par des échanges téléphoniques ou visio, ce d’autant que le rythme de réunions étant moins élevé, vos interlocuteurs ont peut-être plus de disponibilités, même dans cette période tourmentée.

Cultivez un esprit et une attitude positive. Comme j’ai eu souvent l’occasion d’en parler, notamment dans cet article, cet état d’esprit permet d’entretenir l’espoir, et donc de conserver intactes toutes ses capacités cérébrales, particulièrement utiles pour trouver des solutions face à cette situation inédite. Il permet également de conserver des relations constructives avec les autres, ce qui est essentiel en ce climat anxiogène.

Oser demander de l’aide, ce qui en temps normal est considéré comme un aveu de faiblesse ou pire, d’incompétence, est désormais indispensable. Nous les hommes avons dans ce domaine un frein supplémentaire par rapport au femmes, du fait de l’image que nous nous faisons de ce rapport à l’aide de la part des autres.

Etre à l’écoute de son corps : qui d’entre-nous n’a pas ressenti ce syndrome paradoxal d’une fatigue plus importante, alors que nous ne bougeons quasiment plus, que nous n’avons plus depuis 2 mois de fatigue ou stress lié au transport ? Après des heures passées devant un clavier et un écran, nous imposant une posture fixe durant des heures, et un niveau élevé de concentration, notre corps ressent à la fois la lassitude, des tensions dans la nuque ou les poignets, et souvent le dos. C’est aussi notre corps qui sait si l’on a vraiment faim, ou seulement une furieuse envie de grignoter face au stress.

Donner aux autres ! Curieusement et paradoxalement, la recherche récente en neurosciences a montré que nous prenons plus de plaisir à donner qu’à recevoir (cf à ce sujet cet intéressant article d’Arthur Gauthier). Le plaisir à donner, combiné à la relation créée ou renforcée grâce à ce don, sont autant d’opportunités positives pour notre futur. Cerise sur le gâteau, lors de ce type de contact, nous apprenons au moins autant que nous donnons. C’est dans cet esprit que j’ai décidé de proposer une séance de coaching gratuit à tout nouveau client à titre d’essai, qu’il soit professionnel ou particulier.

Cyril Barbé